Incendies en milieu naturel: les services de secours sont-ils parés pour y faire face ?
L’incendie de ces deux derniers jours dans les Fagnes pose la question de savoir si nos services de secours sont parés pour faire face à ce type de situations qui ne feront qu’être plus nombreuses avec le réchauffement climatique.
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- Publié le 30-05-2023 à 18h22
- Mis à jour le 30-05-2023 à 18h24
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L’incendie a frappé les Fagnes (voir les détails ici) est marquant par son ampleur. Mais voir les Fagnes s’enflammer n’est toutefois pas exceptionnel puisque, rien que l’an dernier, il a fallu y intervenir à 25 reprises pour des débuts d’incendie. Avec le changement climatique qui nous promet des périodes de sécheresse de plus en plus répétitives et précoces, le phénomène va encore s’accentuer, indique le climatologue Xavier Fettweis (" L’été sera sec et chaud, donc propice aux feux de broussailles et de forêt ").
Mais il n’y a pas que les climatologues qui en sont conscients. Dans les services de secours aussi on se prépare à des interventions incendie de plus en plus fréquentes en milieu naturel. Qu’il s’agisse des Fagnes ou plus généralement des milieux forestiers.
"Les zones de secours essaient de s’équiper progressivement en véhicules adaptés à ce type de terrain, explique le commandant Quentin Grégoire, commandant des pompiers de la zone de secours VHP (Vesdre Hoëgne & Plateau) et président du réseau Wallon des zones de secours. Mais cela se fait essentiellement sur fonds propre, il faut donc du temps."
À titre de comparaison, selon le modèle français, une unité feux de forêt se compose de 4 autopompes, une citerne et un véhicule officier, tous 4 roues motrices et avec des équipements spécifiques (tuyaux de diamètres inférieurs pour être plus maniables, système de sprinklage,…). La zone de secours VHP, qui fonctionne toujours avec deux Unimog de 15 et 30 ans, ne recevra ses deux premières autopompes feux de forêt que fin d’année au mieux. D’autres zones ont déjà des véhicules plus spécifiques (Eupen a par exemple un véhicule sur chenilles) ou s’équipent progressivement de drones pour repérer plus facilement les points d’intervention stratégiques. Mais on est encore loin d’être paré comme le sont les pompiers de pays voisins comme la France par exemple.
Déficit de matériel et de formation
Côté Protection civile c’est maigre aussi: 2 autopompes et un autre véhicule pour des interventions en milieu forestier pour toute la Wallonie. Il y a aussi des camions-citernes de grande capacité (jusqu’à 28 000 litres), mais ils ne sont pas 4x4, ce qui limite leur champ d’action. "La hiérarchie est consciente de la situation, mais c’est au politique à gérer ça", dit Marco Vinassa, commandant à la Protection civile de Crisnée.
L’équipement ne fera cependant pas tout. "Il nous manque aussi la culture des feux de forêts et il faudrait une cartographie précise des massifs forestiers avec les chemins accessibles, les points d’eaux, etc.", dit le commandant Grégoire. Or, cette cartographie est encore très lacunaire et ce n’est que récemment que le SPF Intérieur a proposé à une poignée d’agents de la Protection civile et de pompiers des formations feux de forêt en France.
Et les moyens aériens ? La police fédérale dispose d’un hélicoptère (bambi bucket) avec une poche d’eau de 900 litres et des hélicos de plus grosse capacité sont mobilisables depuis les Pays-Bas. Quant aux Canadairs, même si le lac de la Gileppe est agréé pour l’écopage, ils ne sont pas encore nécessaires chez nous, note le commandant Vinassa. Par contre, certains agents de la Protection civile ont suivi à Marseille des formations pour le remplissage (au sol et moteur tournant) de bombardiers Dash8. Mais faute de moyens pour poursuivre ce programme, plus aucun agent n’est aujourd’hui agréé en Belgique pour ce type d’opération.