Qui est Assadollah Assadi, l’Iranien échangé contre Olivier Vandecasteele?
De retour en Iran, Assadollah Assadi a été accueilli avec les honneurs ce vendredi 26 mai 2023. Il avait été condamné à 20 ans en Belgique pour la préparation d’un attentat.
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Publié le 26-05-2023 à 17h18 - Mis à jour le 26-05-2023 à 17h23
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La libération d’Olivier Vandecasteele ce vendredi 26 mai se fait dans le cadre d’un échange avec Assadollah Assadi. Retour sur le parcours de ce dernier.
10 juin 2018. Alors qu’il regagne sa résidence en Autriche, Assadollah Assadi, la cinquantaine, est arrêté sur une autoroute de Bavière, en Allemagne. Le diplomate iranien vient de rencontrer un couple belge, Nasimeh Naami et Amir Saadouni, d’origine iranienne également, dans un fast-food au Luxembourg, Assadi l’ignore, mais il était pisté par les services de renseignement luxembourgeois.
Le même jour, le couple est arrêté à Bruxelles. Dans sa voiture: 500 grammes d’explosifs TATP, des batteries, un émetteur et un détonateur à actionner manuellement. Ils avoueront avoir reçu les explosifs du diplomate en poste à l’ambassade de Vienne, mais nieront connaître le contenu du paquet. Un quatrième homme, Merhad Arefani, 57 ans, présenté comme un agent du renseignement iranien agissant depuis la Belgique, sera arrêté à Paris et accusé de complicité.
Un attentat déjoué in extremis
Les informations auraient été fournies aux autorités européennes par les services secrets israéliens. Prévu le 30 juin 2018, à Villepinte, près de Paris, l’attentat à la bombe déjoué devait viser un rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), une coalition d’opposants en exil. L’événement devait rassembler des milliers d’Iraniens vivant en Europe. L’attaque aurait pu faire des dizaines de morts et de blessés.
Arrêté en Allemagne, Assadollah Assadi est remis en octobre 2018 à la Belgique. Il nie les faits mais, en février 2021, il est condamné à 20 ans de prison pour tentative de meurtre et terrorisme, par le tribunal correctionnel d’Anvers. L’enquête démontre que le diplomate était en réalité un agent du renseignement iranien "agissant sous couverture diplomatique". La bombe en provenance d’Iran aurait été réceptionnée dans une valise diplomatique à l’aéroport de Vienne. Les enquêteurs avaient en leur possession des images montrant Assadi, le 28 juin à Luxembourg, en train de remettre le paquet contenant la bombe au couple belgo-iranien.
Ses trois complices belges d’origine iranienne ont été condamnés en appel le 10 mai à des peines allant de 17 à 18 ans de prison, ainsi qu’à la déchéance de leur nationalité belge. Les autorités iraniennes, elles, n’ont jamais reconnu le verdict rendu par la justice belge, affirmant que la procédure initiée par la justice belge n’était "pas légitime, en raison de l’immunité diplomatique" de Assadollah Assadi.
Depuis, le diplomate iranien croupissait à la prison de Beveren. Mais, preuve de son importance pour les autorités iraniennes, son nom a été au cœur des discussions sur le traité de transfert de prisonniers avec l’Iran, devant aboutir à la libération d’Olivier Vandecasteele, monnaie d’un échange qui a finalement eu lieu ce vendredi, en dépit des réticences des opposants iraniens, potentielles victimes de cet attentat déjoué pour lequel Assadi aurait été à la manœuvre.
"Assadollah Assadi, un diplomate innocent de notre pays, qui a été détenu illégalement en Allemagne et en Belgique pendant plus de deux ans en violation du droit international, est maintenant sur le chemin du retour vers son pays", s’est félicité le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, sur Twitter, remerciant Oman.
Les membres de l’opposition iranienne en exil, qui ont tenté - sans succès - de s’opposer à cet échange, ont immédiatement dénoncé ce dénouement, jugeant que la Belgique avait payé "une rançon honteuse".
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