L’islamisme des talibans promu depuis Bruxelles par un propagandiste
Un propagandiste afghan installé à Bruxelles, Jamil Qadery, diffuse des dizaines de messages favorables au régime islamiste des talibans. Une pétition de près de 7 500 signatures réclame son exclusion du territoire belge.
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Publié le 26-05-2023 à 06h00 - Mis à jour le 30-05-2023 à 14h33
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Qui est Jamil Qadery, un Afghan installé à Bruxelles depuis plusieurs mois ?
Le profil de cet influenceur inquiète car il est très proche des rigoristes talibans qui ont pris le pouvoir à Kaboul et dont il en assure la propagande depuis Bruxelles. Une pétition en ligne - recueillant près de 7 500 signatures - demande à la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, son expulsion du territoire belge. Il y est présenté comme un "partisan du terrorisme " et qu’il " soutient ouvertement ce groupe terroriste (NDLR : les talibans) en utilisant le sol belge. Sur sa chaîne YouTube et son compte Twitter, il fait l’éloge des kamikazes, il fait l’éloge des terroristes les plus recherchés comme Sirajudin Haqqani et d’autres.
Il lave le cerveau des jeunes et les transforme en extrémistes en Europe. Une telle action peut déclencher de grandes menaces à la sécurité de l’Europe."
Les services de sécurité, la Sûreté de l’État, l’OCAM (Organe d’Analyse de la Menace) ainsi que la Police fédérale n’ont pas l’habitude de commenter les suivis qu’ils mettent en place. Mais de source sûre, on nous confirme que Jamil Qadery " attire l’attention" de ces services.
Des dizaines de milliers d’abonnés
Mais il n’y a pas que les services de sécurité qui sont attirés part les messages de Jamil Qadery. Son compte Youtube est suivi par près de 66 000 abonnés, son TikTok par 51 000.
Sur Twitter, l’individu multiplie les comptes : le plus important compte 13 000 followers. Dans une publication, Qadery explique l’ouverture de ce compte n°2 dont le but des "publications" est d’agir "contre les ennemis de notre religion". Ce "new account" (NDLR : nouveau compte) aurait été ouvert en raison de la probable fermeture du premier.
Les vidéos qu’il diffuse sont généralement mises en scène dans un petit studio façon JT avec des incrustations de vidéos de production extérieure. Sur d’autres enregistrements, on le voit aussi se mettre en scène sur la Grand-Place de Bruxelles, devant le centre de réfugiés du Petit Château…
Il donne la parole à un dignitaire taliban
Lors d’une de ses interviews, il a ainsi interrogé Saeed Khosty, un des dignitaires talibans. Selon le site Kabul Now, sur base d’un tweet qui aurait été supprimé, Saeed Khosty aurait tenu ces propos : "Tuez les fugitifs un par un avec des couteaux. Si quelqu’un prêche contre notre pays, allez le tuer. Nous avons des centaines de volontaires en Europe et en Amérique, ils ont juste besoin d’organisation et de leadership."

Dans une autre pétition soutenant Qadery, l’Afghanistan des talibans est présenté comme "un pays libre et pacifique ". Et les talibans sont "bienveillants et vigilants pour protéger les citoyens".
Pourtant, semble nettement moins élogieux à l’égard du régime de Kaboul. "Les talibans se sont livrés en toute impunité à des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture et des détentions illégales contre des personnes considérées comme opposées au régime."
"Nous dresser contre nos ennemis"
Autre exemple avec un tweet où Qadery évoque " nos moudjahidines qui ont libéré notre patrie de l’occupation grâce à leurs sacrifices, aujourd’hui, il est de notre devoir en tant que nation de nous dresser contre nos ennemis." En lien avec ces propos, Qadery associe des images du prince Harry en tenue de combat et que l’on peut associer à "nos ennemis". (NDLR : l e prince a été déployé comme militaire à deux reprises en Afghanistan et a reconnu y avoir abattu des Afghans).
L’individu menace-t-il directement la sécurité intérieure de notre pays ? Cela semble peu probable mais ses discours pourraient encourager d’autres à passer à l’acte ou à s’iscrire dans la démarche d’un radicalisme violent.
C’est l’analyse de l’OCAM qui devrait permettre la mise en œuvre - ou non - de mesures judiciaires et/ou administratives (suppression du titre de séjour, par exemple).
Sur son site internet, L’organe d’Analyse de la Menace précise que plusieurs évaluations sont possibles. Dont celle "ayant trait aux menaces émanant d’une personne ou d’un groupe. C’est sur la base de ces analyses que d’autres services prennent des mesures de sécurité."