Depuis dix ans, ils réclament le remboursement des séances de logopédie pour leur enfant autiste
Le GAMP, Groupe d’action qui dénonce le manque de places pour personnes handicapées de grande dépendance, dénonce une fois de plus le non-remboursement des soins logopédiques pour les enfants autistes ou intellectuellement déficients. Il invite parents et professionnels à faire entendre leur voix, ce vendredi 26 mai, sous les fenêtres du cabinet du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke.
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Publié le 26-05-2023 à 07h00
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Ce vendredi matin, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke sera une nouvelle fois interpellé sur la question du non-remboursement des soins de logopédie pour les enfants ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre autistique.
Après deux interpellations en Commission santé par les députées Sophie Rohonyi (DEFI) et Catherine Fonck (Les Engagés), c’est au tour des parents et des associations qui les soutiennent dont Inclusion ASBL, Inforautisme ou encore la Ligue des familles de se mobiliser. Rendez-vous est fixé à 10 heures devant le cabinet du ministre pour lui rappeler combien ils estiment ce non-remboursement discriminant. Et à quel point il impacte leur quotidien (lire témoignage).
Il y a la théorie: nomenclature, suivi pluridisciplinaire...
Les séances de logopédie en ambulatoire ne sont pas remboursées pour les enfants autistes ou ayant un quotient intellectuel (QI) inférieur à 86. La nomenclature exclut le remboursement des soins logopédiques en cas de trouble du langage considéré par l’INAMI comme un trouble secondaire dû à une affection psychiatrique. C’est le cas pour l’autisme.
Pas de remboursement non plus lorsque l’enfant fréquente l’enseignement spécialisé au motif que les soins de logopédie sont financés et organisés par le système scolaire qui relève des Communautés.
Concernant la déficience intellectuelle, la commission de convention logopèdes-organismes assureurs estime que les enfants ayant un QI inférieur à 86 ont davantage besoin d’une prise en charge pluridisciplinaire en centre de rééducation ambulatoire (compétence des entités fédérées) que d’un traitement monodisciplinaire.
Et la réalité du terrain: une Fiat 500 à défaut d’une Rolls-Royce
Des arguments que réfute le GAMP, Groupe d’action qui dénonce le manque de places pour personnes handicapées de grande dépendance, à l’initiative de la mobilisation de ce vendredi.
"Parents, associations, on est tous d’accord pour dire que la prise en charge de ces enfants par un centre pluridisciplinaire proposant un suivi adapté est la meilleure solution, la Rolls-Royce, avance Thibauld Menke, chargé de communication du GAMP. Mais il n’y a pas un centre pluridisciplinaire à tous les coins de rue. Ceux qui sont accessibles croulent sous les demandes et doivent mettre en place de listes d’attente. Parfois, les professionnels comme les logopèdes sont débordés et ne peuvent assurer un suivi correct. À défaut de Rolls-Royce, on veut juste une Fiat 500, c’est-à-dire un suivi logopédique en libéral avec remboursement".
Et l’inclusion, on oublie ?
Autre réalité du terrain: les enfants inscrits dans l’enseignement spécialisé ne bénéficient pas tous d’un suivi logopédique adapté, avance Thibauld Menke. "Et puis renvoyer ces enfants systématiquement vers l’enseignement spécialisé, comme le préconise Mr Vandenbroucke, est en contradiction avec les directives européennes et l’article 22ter de notre constitution qui prônent l’inclusion".
La limite de 86 de QI, qui touche le plus d’enfants, serait particulièrement discriminatoire, selon le porte-parole du GAMP. "Cela revient à priver les enfants qui en ont le plus besoin de soins logopédiques. La manière de faire passer ce test à des enfants ayant des troubles sensoriels pose également question quand on sait que des enfants qui présentent “seulement” des problèmes d’apprentissage ou des troubles de la vue ne passent pas bien ce test…"
Le non-remboursement de ces séances de logopédie au long cours pèse d’autant plus sur les familles d’enfants diagnostiqués autistes ou déficients intellectuels que le nombre de logopèdes conventionnés est passé de 60 à 45%.
Un combat de 10 ans
Le même remboursement des soins logopédiques en ambulatoire pour tous les enfants est une revendication portée depuis plus de dix ans par les parents d’enfants diagnostiqués et les associations du secteur.
En 2015, l’ASBL Inclusion demandait à l’ancienne ministre de la Santé, Maggie De Block, la suppression de la limite du remboursement des soins de logopédie pour les enfants ayant un QI inférieur à 86. En 2019, à l’entame de cette législature, le GAMP faisait du remboursement des soins logopédiques en ambulatoire sans discrimination sur base de l’âge, du handicap ou du quotient intellectuel, une de ses revendications prioritaires.
En Commission santé, le ministre Vandenbroucke a évoqué un groupe de travail chargé de plancher sur la réforme des critères d’exclusion "en tenant compte du cadre budgétaire". "Au cours de cette législature, il y a eu beaucoup d’études, de réunions, d’annonces sans que rien ne bouge vraiment dans le domaine du handicap. On assiste à un ras-le-bol des parents qui n’en peuvent plus de voir les différents niveaux de pouvoir se renvoyer constamment la balle pour justifier leur inaction."