On ne se presse pas pour témoigner en faveur des accusés
Les témoins de moralité ne se bousculent pas pour témoigner en faveur des "principaux" accusés. Depuis 2016, les proches sont sous pression.
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Publié le 25-05-2023 à 17h30 - Mis à jour le 25-05-2023 à 17h36
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On ne se bouscule pas pour venir dire du bien au sujet des principaux accusés du procès des attentats de Bruxelles. Cette semaine, ce sont les témoins de moralité qui devaient être entendus. Ces témoins viennent attester de la bonne ou de la moins bonne moralité des accusés. Lorsqu’on consulte la liste reprenant ces témoins, on retrouve généralement des personnes très proches des accusés: famille, ancienne petite amie, amis…
Les premiers devaient être entendus ce mardi et ils concernaient Oussama Atar: accusé au procès mais absent en raison de sa mort présumée en Syrie. Les proches d’Atar, considéré comme le grand organisateur des attentats de Paris et de Bruxelles, ont tous fourni des certificats médicaux et ne sont donc pas venus évoquer la personnalité de leur fils et frère.
Plusieurs accusés avaient émis le souhait que leurs proches ne se présentent pas à la barre de ce procès. "Laissez-leur le choix de venir ou pas, avait répondu la présidente. Si eux ont envie, ils viendront."
Salah Abdeslam avait émis le souhait de voir sa famille témoigner. Mais ce ne sera pas le cas. Seule la directrice de la prison d’Ittre sera entendue au sujet de Salah Abdeslam. "C’est toujours bien d’avoir des gens qui viennent donner un éclairage sur la personnalité, nous explique l’avocate de Salah Abdeslam, Delphine Paci. On devra donc se contenter des rapports psychiatriques." On peut comprendre les difficultés rencontrées par les proches des accusés des attentats de venir s’exprimer. De nombreuses familles ont été exposées malgré elle aux actes présumés de leur fils ou frère. Certains membres ont perdu leur boulot en raison de cette proximité avec les accusés, ils ont aussi eu à subir une pression médiatique insoutenable. Indirectement, ils payent aussi pour les attentats du 22 mars 2016.
Krayem présenté comme quelqu’un "de posé"
Tout porte aussi à penser que la situation va se répéter pour des accusés comme Krayem ou Ayari. Pour le suédois Krayem, son professeur de français en prison est attendu. Cité par sa défense, il avait déjà témoigné au procès des attentats de Paris. Et son récit avait donné un autre visage à cet accusé peu loquace, ayant fait partie de la "Liwa As-Siddiq, la section d’élite de Daech et présentée comme la plus dure. Le professeur l’avait décrit comme quelqu’un" de posé"et il avait dit de Krayem qu’" il y a en lui cette capacité d’humanité ".
Pour Mohamed Abrini, sa famille a aussi renoncé à venir témoigner ce mercredi. Son ex-petite amie était attendue, notamment par le parquet qui souhaitait vraiment l’entendre. L’ex de l’accusé ne s’est pas présentée malgré un (r)appel effectué pendant la pause de midi. Mohamed Abrini avait aussi tenté de dissuader la présidente de faire venir Nawal, son ex-petite amie, qui avait tenté de le convaincre de se rendre et de mettre un terme à sa cavale. "Psychologiquement, elle n’est pas bien. J’avais un projet de mariage avec elle et puis, le monde s’est écroulé. Elle a eu des problèmes avec la police, puis elle s’est mariée deux ans plus tard et son mari est décédé peu après. Elle n’est pas prête à affronter un tel exercice… "
"Ça ne fait plaisir à personne"
Mais tous les accusés ne seront pas "abandonnés" par leurs proches lors de ce procès. Pour certains (El Haddad Asufi, El Makoukhi, Bayingana, les frères Farisi), on devrait entendre des témoins de moralité compte tenu de leur rôle présumé moindre dans les attentats. Pour eux, ces témoignages s’avèrent capitaux dans leur déclaration de culpabilité et dans les peines éventuelles.
C’est ainsi que deux frères et sœurs de Ali EL Haddad Asufi ont été entendus ce mercredi après-midi. Et pas forcément de gaîté de cœur. "Oui, ça ne fait plaisir à personne", confirme l’avocat Jonathan De Taye au regard de la situation complexe dans laquelle se trouvent généralement ces témoins.