Une pédiatre dénonce les avis contre les médecins sur Google
Les avis et commentaires négatifs sur les médecins sont de plus en plus présents sur Google. Une pratique dénoncée, haut et fort, par la pédiatre Barbara Abramowicz, soutenue par de nombreux confrères. La révolution digitale a changé le comportement des patients qui ont fait de la santé un bien de consommation comme un autre.
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Publié le 24-05-2023 à 07h00
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Dire le bien et, le plus souvent, le mal que l’on pense d’un médecin est une pratique courante sur Google. La critique est d’autant plus aisée qu’elle est anonyme.
Barbara Abramowicz, pédiatre, en a fait les frais il y a plusieurs mois. Et dénoncé dans la foulée ces pratiques sur le réseau LinkedIn. Coup de gueule relayé depuis sur le site Le spécialiste.
Aucun droit de réponse
Une dame qu’elle n’avait pas pu voir à sa consultation privée faute de place a laissé un commentaire très désobligeant sur Google.
"Je ne la connaissais pas, elle a trouvé mon numéro sur internet. Je lui ai conseillé poliment de consulter son pédiatre et si ce dernier n’était pas libre de se rendre dans un service d’urgences pédiatriques. Elle a insisté, s’est montrée agressive. Je lui ai dit que je ne pouvais pas soigner la Belgique entière ! Cette expression, sortie de son contexte, a été reprise dans l’avis Google dans lequel la dame dit que je n’ai pas pris le temps de la soigner, que c’est une honte que je n’ai pas voulu voir son enfant !".
C’est anecdotique, reconnaît la pédiatre qui jouit par ailleurs d’une excellente réputation. "On voit en moyenne dans nos cliniques (NDLR: la clinique Gabrielle et Notre Abri) 200 patients par mois. En 3 ans, j’ai eu quatre avis négatifs. Ce qui me choque, c’est que je n’ai pas la possibilité de répondre à ces critiques injustifiées. Et, par ailleurs, je n’ai jamais demandé ni autorisé Google à publier mes coordonnées, encore moins des avis me concernant".
La pédiatre a tenté de contacter la plateforme. En vain. "Si quelqu’un poste quelque chose sur les réseaux sociaux, on doit pouvoir l’identifier parce qu’il laisse un avis sur une personne identifiable. Moi qui suis tenue de respecter le secret médical, je devrais supporter sans réagir des avis désobligeants, souvent calomnieux qui pourraient nuire à ma réputation. C’est scandaleux ! "
Elle tient toutefois à nuancer son propos: "Tout le monde a bien sûr le droit de s’exprimer, de donner son avis, de signaler des médecins incompétents ou des erreurs médicales."
Shopping médical
L’accès facile aux spécialistes via les rendez-vous pris sur internet fait que l’on récupère souvent les urgences des autres, explique la pédiatre. "On est dans une aire de shopping médical. En pratique libérale, si on ne répond pas dans les 12 ou 24 heures, les gens changent de pédiatre. Cette société de l’immédiateté génère sur la profession une pression totalement injustifiée".
Barbara Abramowicz déplore également le manque de respect de certains patients (rendez-vous annulé sans prévenir…) "alors que nous sommes tenus, nous, de les respecter, de leur parler poliment".
Avec l’aide d’une avocate, elle étudie la possibilité de faire signer une convention à ses patients pour se protéger des avis postés sur Internet, "J’en ai marre de laisser passer ces remarques sans réagir, de me taire… En cas d’erreur médicale, ils pourront se tourner vers l’Ordre des médecins".