Mettre en "pause" la réglementation environnementale : les libéraux européens à l’écoute des lobbies industriels
Ces dernières semaines, une dizaine de groupements industriels importants se sont entretenus avec le groupe Renew Europe.
Publié le 24-05-2023 à 18h37 - Mis à jour le 24-05-2023 à 18h50
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En l’espace de dix jours, voilà que deux dirigeants européens en appellent officiellement à une "pause réglementaire" en matière de défense de l’environnement. C’est le cas du Premier ministre belge Alexander de Croo (Open VLD) mais aussi du président français Emmanuel Macron, qui s’est exprimé à ce sujet le 11 mai dernier, à l’occasion de la présentation de la stratégie française en matière de réindustrialisation.
Éléments de langage
À un an des élections européennes, et alors que plusieurs réglementations sont encore en négociation au niveau européen, difficile d’imaginer que les déclarations des deux dirigeants sont le fruit du hasard. D’autant que le groupe Renew, qui représente leurs formations respectives (Renaissance et l’Open VLD) au sein du Parlement européen, s’est entretenu ces dernières semaines avec plusieurs lobbys industriels possiblement concernés par les réglementations européennes à venir ou en cours, qu’il s’agisse de la protection de la nature ou de la réduction des émissions de CO2.
Pour s’en rendre compte, il suffit de consulter l’agenda de certains députés du groupe Renew, en particulier ceux qui siègent dans les commissions habilitées à discuter avec les acteurs concernés. Exemple avec le député de Renaissance, Dominique Riquet, membre de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie.
Agenda chargé
Le 27 mars, celui-ci s’entretenait avec France chimie, le principal lobby des entreprises du secteur en France. Un peu moins d’un mois plus tard, le 19 avril, rendez-vous était pris avec l’Association européenne des constructeurs européens d’automobiles. Le même jour, c’était au tour du principal lobby de l’industrie fossile en Europe (Fuels Europe, qui compte dans ses rangs, entre autres, Total Énergies, BP, Shell ou ExxonMobil), de discuter avec le député. Le 24, il rencontrait Nexter, un groupement industriel français actif dans l’armement. Trois jours plus tard, débarquait Garett Motion, un groupe actif dans la construction automobile. Le même jour, le célèbre constructeur Ferrari était aussi de passage. Début mai (le 2), rendez-vous était pris avec Lubrizol, acteur majeur de l’industrie chimique américaine. Le 9, avec Neste, vendeur finlandais de produits pétroliers, et le 10, avec A3M, le lobby rassemblant les entreprises de l’extraction, production, transformation et recyclage des métaux et minéraux industriels.
Hasard du calendrier, le lendemain, (11 mai), Emmanuel Macron appelait à cette fameuse "pause réglementaire". Une position qui vraisemblablement ne concerne pas seulement la France et la Belgique au sein de Renew. Ce mardi, sur Twitter, l’eurodéputé estonien Andrus Ansip s’en prenait aux réglementations anti-greenwashing dont peuvent abuser les entreprises européennes, au motif que "l’industrie est aux prises avec un tsunami de règles environnementales."