La tension perdure à Belgorod (Russie) après une attaque spectaculaire
Des partisans russes venus d’Ukraine ont occupé trois villages russes ces lundi et mardi. Mais qui sont ces combattants ?
Publié le 23-05-2023 à 17h18 - Mis à jour le 23-05-2023 à 17h19
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Deux groupes armés russes opposés à Vladimir Poutine ont effectué une incursion en Russie, depuis l’Ukraine, lundi, y occupant jusqu’à 35 km² de territoire, selon les informations qui filtraient et qui doivent être prises avec précaution. Trois villages ont été temporairement occupés par ces deux milices, la légion “Liberté pour la Russie” et le “Corps des volontaires russes”. Ces hommes n’auraient eu à repousser qu’une trentaine de gardes-frontières pour réaliser leur incursion. Ils seraient retournés en Ukraine avec des prisonniers et des véhicules blindés. Mardi, la situation était encore confuse mais visiblement suffisamment préoccupante pour que le président Poutine maintienne en place dans la région le dispositif d’opération antiterroriste déclenché la veille pour “ratisser” la zone. Quelques centaines d’habitants ont dû être évacués dans la panique générale.
Le FSB visé
Mardi matin, des tirs d’artillerie et des drones ukrainiens ont frappé la région de Belgorod. Le siège du FSB de la capitale régionale a été touché. Les services de renseignement militaires ukrainiens ont admis la présence de ces soldats sur le territoire russe, se protégeant de toute critique en affirmant que ces bataillons n’étaient composés que de citoyens russes. Toujours selon des sources ukrainiennes, le site de stockage d’armements nucléaires de Belgorod-22 aurait été évacué en urgence par les troupes russes.
Les deux milices à l’origine de cette incursion ne seraient effectivement composées que de citoyens russes, anciens soldats ou citoyens en exil, et de Biélorusses opposés au Kremlin. Elles ont été créées à l’issue du lancement de l’offensive militaire russe dans le Donbass en février 2022. La légion “Liberté pour la Russie” est celle de l’ancien député russe Illia Ponomarev. Ce politicien moscovite désormais basé à Kiev est le seul, en 2014, à s’être opposé à l’annexion de la Crimée. Engagé dans un combat pour “la libération de la Russie”, il menait jusqu’en 2022 un combat de militant politique, depuis l’Ukraine, pour pousser les Russes à écarter Vladimir Poutine du pouvoir. En 2022, il a lancé, sans donner de détails, ce mouvement destiné à réaliser des actes de sabotage sur le territoire de la Russie. La milice affirme depuis sur ses réseaux sociaux être à l’origine de plusieurs dizaines d’incendies et de sabotages de chemins de fer en Russie ces derniers mois.
Le Corps des volontaires russes a des origines encore plus radicales. Si ce mouvement rassemble le même genre de soldats, celui-ci est en partie composé de nationalistes et de néonazis anti-Poutine. Par son opposition au Kremlin, ce groupe se démarque des autres mouvements russes, une dizaine, qui portent ces idéologies radicales et soutiennent massivement le Kremlin. Le Corps des volontaires russes considère ainsi que les actions du Président nuisent aux intérêts de la Russie, quand les autres mouvements louent les discours impérialistes et de protection des Slaves de Vladimir Poutine.
Hitlériens
Cette scission, claire, entre groupes nationalistes s’est accentuée en 2022. Avant l’offensive, une partie importante des nationalistes russes se plaçaient encore dans l’opposition au Kremlin. À tel point que Vladimir Poutine avait dû lancer une vague de répression de ces mouvements ces dernières années et faire interdire en 2021 la “marche russe”, un défilé néofasciste jusqu’alors annuel. L’un des membres de ce bataillon, Alexeï Levkin, un néonazi russe à la tête d’un groupe de métal nommé “Le marteau d’Hitler”, a été reconnu sur les photos diffusées par les miliciens à l’origine de cette incursion à Belgorod.
Profitant d’un brouillard informationnel complet, le Kremlin assurait contrôler de la situation ce mardi. Moscou voit dans cette opération une tentative de Kiev de faire oublier la perte de Bakhmout par l’armée ukrainienne. Mardi, le FSB, les gardes-frontières et la garde nationale passaient au peigne fin les villages à proximité de la frontière pour s’assurer du départ de tous les combattants infiltrés de ces terres qui avaient déclaré leur indépendance de la Russie et leur attachement à l’Ukraine au lendemain de la révolution bolchevique en 1918…