"J’avais 5 ans…": briser le silence autour de l’excision
Une campagne de prévention a été lancée ce mardi 23 mai pour briser le tabou de l’excision. 12 000 filles sont à risque d’excision en Belgique.
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Publié le 23-05-2023 à 18h45 - Mis à jour le 23-05-2023 à 19h25
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À l’approche des vacances (et des retours au pays), le Groupe pour l’Abolition des mutilations sexuelles (GAMS) a lancé ce mardi 23 mai une campagne de prévention contre l’excision (l’ablation partielle ou intégrale du clitoris et des petites lèvres). 12 000 filles vivant en Belgique sont à risque d’excision, "si aucun travail de prévention n’est fait", dit l’ASBL.
Si des cas d’excision sont toujours possibles en Europe, "le risque le plus important concerne les retours au pays pendant les vacances", note le GAMS.
Selon l’Unicef, au moins 200 millions de filles et femmes vivant actuellement dans 30 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie ont subi une forme de mutilation génitale, dont l’excision.
En tant que pays d’accueil de femmes et de filles qui fuient la guerre, les violences liées au genre (lire ci-contre), la Belgique est elle aussi concernée. Les appels au GAMS pour des situations à risque sont d’ailleurs en hausse: 47 en 2022, déjà 25 cette année.
Les mutilations génitales féminines sont "une violation des droits humains et une violence basée sur le genre, pouvant engendrer de nombreuses complications physiques et psychologiques. Aucune femme, fille, ne devrait subir cela", a assuré Marie-Colline Leroy, la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité des genres (Écolo), qui a assisté mardi au lancement de la campagne.
Tabou
Une campagne pour briser le tabou donc. "En étant sensibilisés, les enseignants, les professionnels de la santé et les familles peuvent être des acteurs de protection."
Des outils didactiques ont été développés pour les écoles. "Il faut que les enseignants puissent détecter cela, insiste Fabienne Richard, directrice du GAMS. Et faire passer le message aux jeunes est essentiel puisqu’ils sont les parents de demain. Il y a aussi parfois des petites sœurs à protéger."
Des webinaires sont prévus pour les professionnels afin de les former aux outils de détection et d’accompagnement. "Tous ne sont pas formés et ne savent pas comment aborder le sujet en consultation. Ainsi des filles sont excisées pendant l’été. Quand elles reviennent, ce n’est pas constaté et deux ans après, c’est leur petite sœur qui est excisée , relate Fabienne Richard. Certains ferment les yeux aussi. Des femmes excisées nous disent avoir été trois fois chez leur gynécologue sans qu’il ne leur en parle. “On ne veut pas remuer le couteau dans la plaie”, répondent certains. Mais c’est au professionnel à tendre la main." Le GAMS plaide d’ailleurs pour l’intégration des mutilations génitales dans le curriculum de base des professionnels de la santé, du social, etc.
Et considérer qu’il ne faut pas en parler parce qu’il s’agirait de quelque chose de "culturel", revient à "minimiser la violence", assure en outre la directrice du GAMS.
Dans le cadre de la campagne, des débats, des rencontres sont prévus cette semaine. Un clip vidéo sera aussi largement diffusé.
Tout le programme sur: www.gams.be