"Nous, ou le chaos" : en Grèce, large victoire des conservateurs, qui n’entendent pas en rester là
Nouvelle Démocratie a balayé la gauche aux législatives. Sans majorité absolue, un nouveau scrutin largement favorable au Premier ministre Kyriakos Mitsotakis devrait se tenir sous peu.
Publié le 22-05-2023 à 17h31 - Mis à jour le 22-05-2023 à 17h32
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Avec 146 sièges raflés sur les 300 qui constituent le Parlement grec, le parti Nouvelle Démocratie du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a infligé une cinglante défaite à son principal opposant Syriza (72 sièges). Le leader du parti de gauche Alexis Tsipras, à la tête du pays entre 2015 et 2019, a reconnu un résultat "extrêmement négatif" et compte sur un second "round" électoral pour se refaire, sans se faire d’illusion : non seulement il est peu probable que Syriza, relégué vingt points derrière Nouvelle Démocratie, rattrape son retard, mais en plus, le prochain scrutin se fera sur un nouveau mode qui favorise le parti arrivant en tête (jusqu’à 50 sièges supplémentaires si ce dernier atteint 25% des voix).
Les "vrais" problèmes
Autant dire qu’avec plus 40 % des voix engrangées ce dimanche, Nouvelle Démocratie a tout intérêt à ne pas chercher à former une coalition, étant pratiquement assuré de s’assurer la majorité des sièges en cas de nouveau scrutin. Celui-ci pourrait se tenir dès juin prochain et c’est d’ores et déjà le vœu de Mitsotakis :
"Si le système électoral qui s’appliquera aux prochaines élections était en vigueur hier, Nouvelle Démocratie aurait déjà une forte majorité parlementaire qui dépasserait les 170 sièges", s’est réjoui ce lundi le Premier ministre grec, plaidant pour la tenue d’un nouveau scrutin au plus tôt. "Je crois qu’aujourd’hui, le pays a besoin d’un gouvernement fort et stable (...) et plus tôt ce problème en suspens sera clos, mieux ce sera pour le pays ", a-t-il argué, lui qui avait prédit, pendant la campagne, un "chaos absolu" si l’opposition venait à l’emporter. En cas de succès de sa formation lors du prochain scrutin (en juin ou juillet prochain), Motsotakis a promis de s’attaquer aux "vrais problèmes" qui minent la société grecque. Ce dernier veut, entre autres, "augmenter les salaires, créer plus d’emplois, soutenir l’État-Providence"… mais aussi traiter les "grands défis" de demain, telle l’intelligence artificielle ou le changement climatique.
Le Premier ministre se fait en revanche plus discret sur les entorses aux droits humains en vigueur en Grèce, qu’il s’agisse du scandale de surveillance Predator dont s’est rendu coupable son gouvernement, ou du sort réservé aux migrants débarquant sur le territoire (lire ci-dessous).
Autant de thèmes sur lesquels la gauche a tenté de surfer durant cette campagne, sans parvenir à convaincre. Malgré, ou à cause, de la catastrophe ferroviaire de Larissa en février dernier, une partie du pays a, semble-t-il, détourné les yeux d’enjeux qui ne concernaient pas directement le pouvoir d’achat.