Demandeurs d’asile : aucune solution en vue
Déçu de sa rencontre avec Nicole de Moor, le collectif "Stop crise de l’accueil" va entamer une procédure en justice contre Fedasil et le gouvernement fédéral, et mobilise pour un concert de casseroles, mercredi.
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Publié le 22-05-2023 à 15h20 - Mis à jour le 22-05-2023 à 15h21
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De la "déception" et un "sentiment de révolte": c’est le sentiment qui dominait, hier, au sein du collectif "Stop à la crise de l’accueil" après sa rencontre, ce lundi matin, au cabinet de la Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor. Ils entrevoyaient "une lueur d’espoir" ; ils sont cruellement déçus.
"Elle ne nous a fait aucune proposition concrète. Alors que 3000 demandeurs d’asile sont contraints à dormir dehors et que l’État belge — qui a l’obligation de les loger le temps de la procédure -, a été condamné plus de 7000 fois par le Tribunal du travail et près de 150 fois par la Cour européenne des droits de l’homme, elle n’envisage aucune solution", commente Yan Verhoeven, activiste au sein du collectif, un rien désabusé.
"Pas de volonté politique"
"Pour nous, ce n’est pas une politique de l’accueil, c’est une volonté délibérée de laisser ces gens dans la rue. Il n’y a pas de volonté politique de résoudre cette crise de l’accueil."
Le collectif citoyen, qui regroupe plus d’une cinquantaine d’associations, appelle donc à la mobilisation, un concert de casseroles ce mercredi à 17h30 "pour dénoncer l’absence totale de solution".
Dans l’immédiat, le collectif espérait un soutien de Fedasil pour la gestion du squat de la rue de la Loi qui, depuis un mois, abrite une centaine de demandeurs d’asile à côté du siège du CD&V. L’urgence est de répondre aux conditions légitimes émises par le propriétaire, un important groupe immobilier, qui menace d’expulser les résidents sinon. Mais là encore, c’est la déception: aucun coup de pouce des autorités n’a été proposé, ni en termes de gestion, ni de budget, que l’action citoyenne ne peut assurer seule. Les membres de "Stop crise de l’accueil" ont dès lors annoncé qu’ils entameraient une procédure en justice contre Fedasil et le gouvernement fédéral. Sans grands espoirs. "À défaut d’offrir des solutions de logement, on souhaite qu’ils puissent prendre en charge la gestion du bâtiment."
Pour les quelque 3000 demandeurs d’asile sans logement, cela restera donc le règne de la débrouille et de la galère. Des hommes seuls pour la plupart, qui naviguent "en mode survie" entre la rue, les hébergements temporaires pour sans-abri, les squats de Bruxelles, l’aide des amis et des citoyens bénévoles, "bien insuffisante". Ils décomptent les mois en espérant que leur dossier aboutisse.
Capitulation
"Le gouvernement assume l’illégalité et refuse de payer les astreintes mises par la Justice. Après 18 mois, il n’y a toujours rien", poursuit Yan Verhoeven. "En acceptant l’état de fait actuel qui va à l’encontre de l’État de droit et de la dignité de milliers de personnes, les partis au gouvernement semblent avoir capitulé face aux discours xénophobes qui gangrènent la société." Une solution serait un plan de répartition dans les communes et une prise en charge des CPAS. "Cela fait cinq demandeurs d’asile par commune." Une autre voie serait d’accélérer le traitement des dossiers, qui prennent entre quelques mois et "des années", selon les situations, "alors que la majorité d’entre eux, venant d’Afghanistan, du Yemen ou du Burundi obtiendront, au final, leur droit à l’asile."