Élections en Grèce : Mitsotakis part favori, malgré la catastrophe de Larissa et le scandale d’espionnage Predator
Mise en difficulté par une affaire d’agression sexuelle dans ses rangs, l’opposition compte sur le vote de la jeunesse pour renverser le Premier ministre.
Publié le 18-05-2023 à 11h34 - Mis à jour le 18-05-2023 à 11h35
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Comme son voisin turc, qui a subi un séisme d’une ampleur inédite en février dernier, la Grèce a vécu un véritable drame national quelques semaines avant les élections qui se tiennent ce dimanche.
Si la catastrophe ferroviaire de Larissa, dans la soirée du 28 février (57 morts, une centaine de blessés), est bien moindre, par son ampleur, que les quelque 50 000 morts et la centaine de milliers de blessés Turcs, elle n’en a pas moins provoqué une onde de choc nationale, qui a conduit le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie) à repousser (d’avril à juillet), puis à avancer (de juillet à mai) la date des élections législatives. Celles-ci doivent permettre de renouveler les 300 sièges que compte le Parlement.
Colère
L’annonce de ces élections anticipées est intervenue après trois semaines d’incompréhension et de colère dans la population. Malgré la démission du ministre des Transports trois jours après le drame, des grèves et des blocages avaient ainsi été observés aussi bien dans le public que dans le privé.
Après avoir minimisé les responsabilités des autorités, Mitsotakis avait fini par se confondre en excuses, admettant en creux que le délabrement criant de nombreuses infrastructures du pays et l’absence de mesures de sécurité avaient conduit à la catastrophe. "En tant que premier ministre, je dois à tout le monde, mais surtout aux proches des victimes, un grand DÉSOLÉ. À la fois personnel, et au nom de tous ceux qui ont gouverné le pays pendant des années", avait-il écrit sur Facebook début mars.
L’accident tombait particulièrement mal, alors que le conservateur était en campagne pour les élections prévues en avril dernier et semblait avoir les faveurs des sondages. Quatre jours seulement avant le drame, Mitsotakis se trouvait d’ailleurs à Larissa : il y défendait un programme visant à juguler une inflation record, alors que les bas salaires demeurent au plancher.
Sans surprise, c’est sur ce terrain que le Premier ministre entend encore convaincre, en particulier le terreau rural et traditionnel grec. "Nous vous avions dit que nous réduirions les impôts, et nous les avons réduits. On vous avait dit qu’on réduirait les cotisations, et on l’a fait. Nous vous avons dit que pour la première fois vous verriez des augmentations de pension, et vous les avez vues sous la Nouvelle Démocratie", déclarait-il ce jeudi lors d’un meeting à Naoussa Imathia, dans le nord du pays, dénonçant un "chaos absolu" si l’opposition venait à l’emporter.
Syriza à la traîne
De son côté, Syriza, deuxième force politique du pays, semble avoir du mal à capitaliser sur l’autre scandale majeur qui entache le mandat de Mitsotakis : l’utilisation, par les autorités, du logiciel d’espionnage Predator, qui permet de récolter des données transitant via les smartphones que celui-ci a infectés.
Selon l’hebdomadaire grec Documento, proche de l’opposition, plus de 150 personnalités auraient été espionnées par le pouvoir, dont des députés, des journalistes, des dirigeants d’entreprise, mais aussi des ministres. Malgré cela, la popularité de Mitsotakis ne s’est pas effondrée, tandis que Syriza a s’est vu secoué par un scandale sexuel, l’un de ses députés européen (Alexis Georgoulis) étant accusé de tentative de viol et d’agression.
Si l’eurodéputé a été immédiatement exclu du parti, ces révélations, à un mois du scrutin, ont pollué la campagne du parti d’Alexis Tsipras, qui a déjà dirigé le pays entre 2015 et 2019.
Alors que Syriza accuse, selon certains sondages, dix points de retard sur Nouvelle Démocratie, l’ancien Premier ministre compte sur les jeunes et les primo votants pour inverser la tendance. "Votre participation décidera du résultat des élections (...) Allez aux urnes pour renvoyer M. Mitsotakis chez lui", s’est-il exclamé depuis Thessalonique, deuxième ville de Grèce, cette semaine.