LGBTQIA +: "Une violence inquiétante"
Si les droits des personnes LGBTQIA + sont plutôt bien respectés en Belgique, Unia s’inquiète face à l’importance des actes de haine.
Publié le 17-05-2023 à 08h37 - Mis à jour le 17-05-2023 à 08h44
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La Belgique a toujours fait partie des bons élèves en matière de défense des droits des personnes LGBTQIA +. "Il y a 20 ans, la Belgique adoptait sa loi antidiscrimination, qui étendait la protection contre les discriminations à une série de critères dits “non raciaux”, dont l’orientation sexuelle. La même année, elle était le deuxième pays au monde à légaliser le mariage entre des personnes de même sexe", souligne Unia (ex-Centre pour l’égalité des chances), à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie et l’interphobie, ce mercredi 17 mai 2023. Notre pays figure d’ailleurs à la seconde place dans l’évaluation 2023 de la législation et des politiques relatives à la diversité sexuelle réalisée par l’ILGA-Europe, la coupole des organisations LGBTQIA + européennes, publiée il y a quelques jours.
Incompréhension
Ce bilan plutôt positif ne doit cependant pas masquer les discriminations relatives à l’orientation sexuelle, toujours très présentes dans notre société. La preuve: le travail réalisé par les associations de terrain. La Maison Arc-en-ciel de Liège lutte pour les droits des personnes LGBTQIA +: "Ici, nous disposons notamment d’un service social où les personnes peuvent prendre rendez-vous et trouver une oreille attentive, détaille Marvin Desaive, chargé de communication. L’idée, c’est d’être accueilli par un pair. On est dans l’écoute, dans le dialogue ."
Les formes de discrimination et le mal-être relaté par les individus qui franchissent la porte de l’association sont multiples.
"Certains évoquent des discriminations subies à l’école, dans le milieu du travail, etc. […] Si, au niveau des droits et libertés, la situation s’est détendue ces 20 dernières années, cela reste malgré tout compliqué, estime Marvin Desaive. Au niveau familial par exemple, l’annonce d’un coming out ou d’un changement de genre est rarement simple. On est encore face à pas mal de questionnements et d’incompréhension de la part des proches. C’est pour cela que notre service social est là pour écouter et conseiller. […] Et il est clair que les situations dramatiques sont encore d’actualité: on a toujours des personnes qui se retrouvent à la rue !"
Violences physiques
À la Maison Arc-en-ciel du Brabant wallon aussi, le boulot ne manque pas. Rose Charlier et Tookie Watteau travaillent toutes les deux au sein de cette structure. Selon elles, la méconnaissance des enjeux LGBTQIA + induit trop souvent des situations discriminantes.
"Cela peut concerner les parcours scolaires et extrascolaires, ou encore le suivi médical. En réalité, les enjeux LGBTQIA + ont trop peu de visibilité. […] Au sein de notre société, il existe des violences et de la discrimination structurelles, simplement parce que rien n’est prévu pour ces personnes. Cela va dépendre de l’interlocuteur que l’on a en face de soi. Est-ce que ce médecin ou ce psy s’est renseigné, de sa propre initiative, sur la situation de ces personnes ? Est-ce important pour lui ? Le problème, c’est que rien ne contraint ces acteurs à être respectueux et à bien accueillir le public LGBTQIA +."
Les derniers chiffres d’Unia, publiés ce mercredi, confirment la présence de telles discriminations. En 2022, l’organisation a ainsi clôturé 137 dossiers relatifs à l’orientation sexuelle: 57 d’entre eux portent sur des discours de haine. "Malgré les avancées juridiques, les personnes LGBTQIA + sont encore victimes de préjugés, d’insultes voire même de propos haineux au quotidien, comme en témoigne l’actualité de ces dernières semaines dans le monde du foot. Elles se font aussi injurier et menacer sur internet", indique Unia. La violence à l’égard du public LGBTQIA + est également préoccupante. Unia traite, à cet égard, des dossiers relatifs aux actes de haine contre ces personnes. "Sur les 54 dossiers clôturés en 2022, près de la moitié (44%) concerne de la violence physique. […] C’est le pourcentage le plus haut depuis 5 ans." Ce phénomène interpellant doit, selon Unia, retenir toute l’attention des autorités. L’organisation demande notamment un nouveau plan d’action interfédéral contre les discriminations et les violences à l’égard des personnes LGBTQIA +, le dernier étant arrivé à échéance en 2019.
EDITO | Homophobie ordinaire