Plastique avec du lait ou coquilles de moules recyclées: des start-up biosourcées et innovantes cherchent des investisseurs
Développer l’économie circulaire et biosourcée passe aussi par la rencontre entre porteurs de projets innovants et investisseurs. Ça s’est passé hier à Gembloux.
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Publié le 16-05-2023 à 17h38 - Mis à jour le 16-05-2023 à 17h40
Le développement de l’économie circulaire et/ou biosourcée est au cœur des plans de relance wallon, via sa stratégie Circular Wallonia, et plus largement de l’Union européenne.
À l’échelle de l’Europe, dans le cadre du programme "bioeconomy ventures", plusieurs associations ambassadrices sont chargées d’aider les start-up à accéder au financement qui leur permettra concrétiser leurs bonnes idées en projet industriel ou d’entreprise. La stratégie Circular Wallonia a mobilisé 220 millions d’euros d’ici 2024 et le programme européen dispose de 300 millions à investir dans la bioéconomie et l’économie circulaire biosourcée.
C’est dans ce cadre que ce mardi à Gembloux, l’association Valbiom, qui accompagne les filières économiques biosourcées et qui fait partie de ces associations ambassadrices européennes, organisait une rencontre entre start-up et investisseurs. Objectif pour les premières: convaincre les secondes que leur projet vaut la peine d’y injecter de l’argent.
Aux côtés de représentants du fonds d’investissement Noshaq et de l’outil financier Wallonie Entreprendre, on retrouvait des représentants de structures de financement participatif comme le réseau BeAngels ou de la plateforme de crowdfunding européenne LITA.CO, dédié "au développement d’une économie écologique et inclusive".
"Nous avons beaucoup d’investisseurs présents, y compris certains qui ne sont pas spécialisés dans l’économie biosourcée mais qui sont venus par curiosité", se réjouissait Zoé Nys, chargée de projet économie biosourcée chez Valbiom.
Preuve aussi que cette économie locale et plus durable dispose d’un potentiel capable d’attirer des investisseurs. À condition que les idées soient convaincantes
Les huit porteurs de projets (dont les 4 ci-dessous) sélectionnés par Valbiom pour cette rencontre avec de potentiels investisseurs ont eu hier l’opportunité de le démontrer et, peut-être, de marquer le véritable point de départ de la transformation d’un projet innovant en activité économique à part entière.
MilkSilk: Du lait non consommable pour faire du plastique et du biocarburant
Chaque année en Belgique, 35 millions de litres de lait sont jetés avant même d’arriver en laiterie. Il s’agit du lait de vaches, malades, qui doivent être traitées par antibiotiques. Ce laut perdu pour le secteur alimentaire, deux jeunes bioingénieurs (en fin d’études) de Liège et Tournai ont monté un projet qui envisage de récupérer ce lait et d’en extraire les protéines (sous forme de poudre) et la matière grasse. La première fraction pourrait être valorisée par le secteur des bioplastiques et la seconde dans les biocarburants. Les deux jeunes sont à la recherche de partenaires financiers pour les prochaines étapes du projet: valider le process industriel et développer la logistique pour la collecte dans les fermes.
Mineralio: Des coquilles de moules valorisées dans des pots de fleurs et de la déco
Le Simon Gillet est un jeune ingénieur civil en en aérospatiale. Son idée de start-up est pourtant très terre à terre: recycler les coquilles de moules. On en incinère ou on en jette 20 000 tonnes chaque année dans notre pays. Son business plan à lui ? Les broyer pour les intégrer dans la fabrication d’objets de décoration selon le modèle de design Terrazzo qui redevient tendance aujourd’hui. Une collaboration avec un distributeur de pots de fleurs est déjà conclue mais le projet pourrait s’élargir à la fabrication de plans de travail, de bougeoirs, de carrelages, etc. Dans 2 semaines débutera la collecte de coquilles de moules, par vélos cargo, dans les restos Lunch Garden du pays.
Colz’Iso: Valoriser la paille de colza pour fabriquer des murs isolants thermiques et acoustiques
Ils sont 5 (bientôt) ingénieurs de la Haute école Charlemagne de Huy. Leur idée ? Fabriquer des blocs pour des murs (porteurs et isolants) avec de la paille de colza. On en cultive 10 000 hectares par an en Wallonie et l’essentiel de la paille n’est pas valorisé. Dans un premier temps, les jeunes ingénieurs envisagent de collecter cette paille sur 82 hectares seulement, dans un rayon de 10 km autour de leur site de fabrication dans le Condroz liégeois. Un élément qui améliorerait encore le bilan carbone de leur projet qui permettrait de fabriquer une quantité suffisante de blocs pour la construction de 205 maisons.
Take Out: Recycler des panneaux MDF pour fabriquer de la laine de bois isolante
Utiliser de la laine de bois comme isolant n’est pas neuf. Mais elle est fabriquée à partir de bois "neuf". L’idée de la start-up Take Out est de fabriquer cette laine de bois en recyclant des panneaux de MDF. La ressource disponible annuellement rien que dans le Benelux serait de 400 000 tonnes, selon Jean-Fraçois Wuillaume, un des quatre associés au projet.
La demande de brevet pour la fabrication de cet isolant recyclé est en cours et, si les investisseurs suivent, la fabrication pourrait débuter cette année encore. Take Out, qui attend confirmation d’un subside Feder (projet européen transfrontalier) pourrait aussi ouvrir une unité de production en France.