À la télé ce lundi soir : les Polynésiens victimes de l’atome et les choix de la rédaction
De 1950 à 1990, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont fait des tests nucléaires dans le Pacifique. Les effets sont désastreux.
Publié le 15-05-2023 à 12h00
"E st-ce que j’aurais transmis la maladie à ma fille ?" Cette question, Raphaël se la pose depuis que le pédopsychiatre a détecté chez sa fille une anomalie génétique à l’origine de son trouble envahissant du développement.
La maladie de sa fille est une histoire de famille. Elle remonte au grand-père, ancien travailleur du centre d’expérimentation du Pacifique. Derrière ce nom d’apparence anodin se cache en réalité le centre d’expérimentation nucléaire français.
De 1966 à 1996, la France a fait exploser 193 bombes (!) en Polynésie française. Si ces essais lui permettront de devenir l’une des plus grandes puissances nucléaires au monde, le revers de la médaille est que les retombées radioactives ont causé de nombreuses maladies en Polynésie, et ce sur plusieurs générations.
Indemnisations aléatoires
L’État français a longtemps nié les effets de la bombe sur ces populations. Puis, finalement, le gouvernement a mis en place un processus d’indemnisation pour les vétérans. Cependant, elles sont aléatoires et souvent freinées par un système complexe. Car comment reconnaître ces pathologies qui touchent désormais les descendants ?
C’est le combat d’une nouvelle génération en lutte dans toute l’Océanie.
À Tahiti, Hina, atteinte d’une leucémie, s’accroche à la vie poussée par ce désir de comprendre sa maladie et connaître son héritage. Via sa fondation, elle aide les malades et les Polynésiens à se réapproprier leur histoire du nucléaire.
À des dizaines de milliers de kilomètres de là, au nord de l’Océanie, une autre jeune femme mène aussi cette bataille. Ariana a 25 ans, ses grands-parents sont des survivants du nucléaire. Si la France est l’un des derniers pays à être entrés dans la course folle au nucléaire, les États-Unis ont ouvert le bal dès 1946 aux îles Marshall. Population évacuée, apparition de maladies et malformations, les dégâts collatéraux des essais nucléaires sont importants et immuables. Un processus d’indemnisation est en place depuis les années 1980 mais les Marshallais poursuivent le combat de la (re)connaissance.
Quand s’arrêteront les effets des bombardements ? Quel est l’avenir pour les nouvelles générations ? Les grands pays du nucléaire sont-ils prêts à payer ? Les enfants et les petits-enfants de l’atome répliquent contre ces grandes nations.
France 3, 23.10