Des infirmiers qui méritent d’être mieux rémunérés
"Arrêtons l’hémorragie du personnel soignant en le rémunérant correctement", appelle la Belgian Hematology Society, à l’occasion de la journée internationale du personnel infirmier.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AUATNT6C55HN5GVEMDSMRXFIJM.jpg)
Publié le 12-05-2023 à 07h00
:focal(545x372:555x362)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/WKSJGQ4CF5H45IMK2B4VMI2NIM.jpg)
Dans les services d’hématologie des hôpitaux du pays, le manque de personnel infirmier se fait cruellement ressentir comme dans la plupart des services.
En ce 12 mai, journée internationale des infirmiers, la Belgian Hematology Society (BHS) lance une campagne de sensibilisation intitulée "WeSupportOurNurses". Objectif: valoriser le profil de l’infirmier d’hématologie, et celui des autres spécialités, en améliorant d’un cran le barème salarial IF-IC.
Des soins de très haute technicité
L’hématologie est la spécialisation de la médecine qui traite les maladies du sang et plus particulièrement les cancers (leucémie, lymphome, myélome).
"Depuis 10 ou15 ans, on a fait de gros progrès dans les traitements, notamment au niveau des thérapies cellulaires, explique le Pr Marc André, président de la BHS. Il en résulte pour les infirmières une charge de travail plus importante et un niveau de compétence majoré. Elles délivrent des soins de très haute technicité comme l’injection de chimiothérapies, de cellules de greffe… Des soins qui s’apparentent à ceux donnés dans un service de soins intensifs. Les patients qui ont reçu une transfusion ou une chimiothérapie requièrent un monitoring intensif à cause des effets secondaires importants."
Une pénibilité et des compétences qui ne sont pas reconnues, selon ces infirmiers spécialisés puisqu’ils bénéficient du même rang barémique (IF-IC 14) que les infirmiers en soins généraux bien qu’ils aient effectué une année d’études supplémentaire.
La frustration est d’autant plus vive que leurs collègues spécialisés en soins intensifs, médecine d’urgence, néonatologie… bénéficient d’un barème plus élevé (IF-IC 15).
Cette non-revalorisation financière, qui en novembre dernier attisait la colère des infirmières du CHU de Liège, accroît encore la pénurie en détournant les étudiants infirmiers vers d’autres spécialités mieux rémunérées.
Lits fermés, les malades attendent
Faute de personnel, les patients trinquent. "Sur les 27 lits que compte mon service, 6 sont actuellement fermés faute de personnel, regrette le Pr André, chef du service d’hématologie au CHU-UCL Namur. C’est vraiment impactant, des patients malades doivent attendre qu’une place se libère. Mais l’hôpital n’a pas d’autre option une fois qu’il a fait revenir les gens en congé, fait appel en vain aux agences d’intérim, rappelé les retraités et débauché des étudiants en cours de formation…"
Le passage au statut IF-IC 15 des infirmiers spécialisés en hématologie ne représenterait pas un surcoût extraordinaire, selon le président de la BHS.
"Le fait qu’ils soient si mal rémunérés est d’autant plus choquant au regard du prix pharamineux de certains médicaments. Une infirmière coûte à peu près 60 000 € par an toutes charges comprises. Le prix officiel, hors négociation, de la thérapie CAR-T-Cell indiquée dans le lymphome non Hodgkinien est de 325 000 €. A titre personnel, je pense sincèrement que l’on devrait investir davantage dans l’humain et payer moins cher les médicaments".