Qatargate | Marc Tarabella s’explique sur la pire période de sa vie : "Tous les soirs, mon nom est partout, sali" (vidéo)
Marc Tarabella, inculpé dans l’affaire de corruption du Qatargate, s’est exprimé ce mercredi, moins de 24 h après la levée de sa détention préventive et du retrait du bracelet électronique.
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Publié le 10-05-2023 à 12h07 - Mis à jour le 10-05-2023 à 13h12
Une perquisition à son domicile (le 9 décembre 2022), une inculpation qui remonte à trois mois (le 11 février), un nom cité quotidiennement dans les médias - " sur les 60 premiers jours de l’affaire, Marc Tarabella n’a pas été dans les sujets du JT pendant trois jours seulement, explique son porte-parole -, une détention à Saint-Gilles puis à la prison de Marche, un bracelet électronique : ça pèse dans la vie d’un homme. Ce mercredi, ce n’est pas le Marc Tarabella enjoué que l’on connaît qui s’est présenté face à la presse.
Sur les 60 premiers jours de l’affaire, Marc Tarabella n’a pas été dans les sujets du JT pendant trois jours seulement.

Moins de 24 heures après la levée de sa détention préventive, l’eurodéputé socialiste et bourgmestre d’Anthisnes s’est expliqué. Toujours inculpé dans le dossier du Qatargate, Marc Tarabella est apparu timoré, profondément marqué, les épaules tombantes, le regard rivé sur son texte. "Ce n’est pas un jour de gloire mais le jour le moins négatif de ces cinq derniers mois," confie un proche.
Aucun échange n’est prévu avec les journalistes. Simplement une déclaration sur "la pire période de ma vie." Les politiciens aiment souvent la lumière des médias. Mais les projecteurs dirigés vers le Condrusien depuis cinq mois l’ont affecté. Tarabella craque et fond en larmes lorsqu’il évoque "voir mon visage en une du JT tous les soirs, mon nom est partout, sali, le nom que porte aussi ma famille, ma mère, ma femme, ma fille et mon fils qui eux non plus n’ont jamais mérité cela."
Tous les soirs, mon nom est partout, sali, le nom que porte aussi ma famille, ma mère, ma femme, ma fille et mon fils qui eux non plus n’ont jamais mérité cela.
Il revient sur celui dont les "révélations" l’ont envoyé 20 000 lieues sous les mers : Pier Antonio Panzeri. L’ancien eurodéputé italien, chef d’orchestre repenti de cette vaste affaire de corruption, est celui qui a fait plonger Tarabella et d’autres. "C’est un homme que je considérais presque comme un ami. On débattait ensemble des matchs du championnat italien. "
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"Je pense à une erreur"
Lorsqu’il entend parler de cette histoire de corruption dans laquelle Panzeri est le premier nom à être cité, le bourgmestre socialiste tombe de haut, confesse-t-il. "À l’époque, je me souviens de ma surprise, je pense à une erreur." Et dans les premiers temps, Tarabella continue sa vie et ne donne pas l’impression de vouloir dissimuler des preuves. "Le soir, j’ai vu mes collègues bourgmestres de la région. Le lendemain, je fais mes rendez-vous à la Commune comme toujours ; je vais faire mes courses. Le soir, je regarde le quart de finale de la Coupe du monde France-Angleterre." Et puis, la stupéfaction : la police judiciaire débarque avec la présidente du parlement. "Je suis stupéfait, abasourdi, ma femme et mon fils sont sous le choc..."
Je suis stupéfait, abasourdi, ma femme et mon fils sont sous le choc...
Libéré de son bracelet électronique depuis mardi soir, le bourgmestre d’Anthisnes peut désormais circuler librement en Belgique. Toute sortie du territoire (se rendre au parlement à Strasbourg, par exemple, sera soumis à une autorisation du juge d’instruction) est interdite et fait partie des conditions de sa libération.
Depuis mardi soir, Marc Tarabella peut aller au-delà de sa terrasse. Il évoque alors sa vie en prison : "La prison ce n’est pas facile pour un coupable mais pire encore pour un innocent."
La prison ce n’est pas facile pour un coupable mais pire encore pour un innocent.
Sur le fond, Tarabella, toujours inculpé dans ce dossier, s’exprime peu : "La conclusion est mon point de départ qui n’a rien à voir avec tout ça. Je n’ai pas reçu d’argent, ni de cadeaux en échange de mes opinions politiques."
Panzeri : "Il a jeté mon nom en pâture"
Il évoque n’avoir "aucune rancune" vis-à-vis de ceux qui ont pris leurs distances, qui ont porté des jugements. Mais sur Panzeri, avec qui il attend toujours une confrontation, Tarabella est moins conciliant. " Il a jeté mon nom en pâture pour espérer ne pas être dévoré.
On a tous, un jour, été déçus par un ami qui vous a menti mais heureusement on est très peu à payer ce mensonge par plusieurs mois de prison."
Tarabella se lève dès le dernier mot de son discours prononcé, pousse encore quelques sanglots et disparaît… Il y avait de la sincérité dans ses propos qu’il voulait aussi adresser "aux citoyens ", aux Anthisnois. Mais rien qui ne le disculpe dans l’état actuel puisque l’enquête est loin d’être bouclée.
A nouveau bourgmestre d'Anthisnes dans les prochaines heures
Et la suite? Selon son porte-parole, Marc Tarabella a hâte de retourner travailler. Il devrait, dans les prochaines heures, retrouver son poste de bourgmestre à Anthisnes. Depuis qu’il était sous bracelet électronique, Marc Tarabella n’avait pas repris son mandat de mayeur compte tenu des restrictions de déplacement liées à son bracelet électronique.
Puisqu’il est suspendu du PS et du groupe européen S&D, quelle va être l’attitude des deux groupes? À ce stade, il n’y a pas eu de contact avec le président du PS, Paul Magnette. «Il est de notoriété publique que Marc a toujours dit qu’il ne changerait pas de ligne. Il est et restera socialiste jusqu’à la fin de sa vie,» assure son porte-parole.
Et sur la suite de l’enquête, son avocat, Maxim Toller, est un peu plus confiant. «Il y a des éléments récents qui permettent d’atténuer ou de mettre en cause la crédibilité de Panzeri. Mais le combat n’est pas fini.»
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