Poutine appelle à l’unité, mais est-il assez populaire pour se faire entendre?
Les sondages indépendants montrent un soutien marqué au président russe, qui s’est même renforcé au fil de la guerre.
Publié le 09-05-2023 à 16h20 - Mis à jour le 09-05-2023 à 16h24
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"Il n’y a rien de plus fort, de plus puissant et de plus fiable que notre unité." À l’heure de la traditionnelle parade militaire commémorant la fin de la seconde guerre mondiale en Russie, Vladimir Poutine, dont l’armée est enlisée en Ukraine, a rappelé à la toute fin de son discours anti-occidental qu’il avait encore son peuple derrière lui. Une affirmation qui n’a rien d’anodin à l’heure où les dissensions se font jour au sein même des forces armées russes, en particulier entre l’état-major de l’armée régulière et les troupes paramilitaires de Wagner.
Mais le peuple russe est-il aussi uni derrière son président que Poutine le prétend ? Selon les dernières données du Levada Center, institut d’étude d’opinion classé comme "agent étranger" par le régime, Poutine est toujours aussi populaire auprès des Russes, lui dont l’action est approuvée par 83% de la population.
Peuple préparé
Cette approbation tient-elle vraiment compte de la guerre enclenchée contre l’Ukraine ? Désireux de clarifier cette question, le directeur du centre Levada, Denis Volkov, s’était efforcé d’amener des éléments de réponse fin avril, se demandant au passage si les sondages ont vraiment un sens dans la Russie d’aujourd’hui.
"Il y a une thèse selon laquelle, dans les conditions répressives russes, les répondants ne diront jamais ce qu’ils ‘pensent vraiment’. Mais nous ne menons jamais d’enquêtes à l’aide d’un polygraphe et nous enregistrons uniquement ce que les gens sont prêts à partager avec l’intervieweur", se défend Denis Volkov, assurant que très peu de répondants interrompent l’interview quand le sujet de la guerre en Ukraine est abordé.
Pour expliquer l’actuelle cote de popularité de Poutine en Russie, Volkov se base sur "une analyse des tendances à long terme de l’opinion publique". Laquelle "montrait déjà fin 2021 et début 2022 que si un conflit militaire avec l’Occident devait éclater, la majorité de la société russe serait du côté du président et le gouvernement". À l’époque, "le taux d’approbation de Vladimir Poutine était déjà de 71% à la mi-février (en mars, il est passé à 83%). Les principaux écarts – entre les plus grandes villes et le reste du pays, entre les jeunes et les moins jeunes, et entre les téléspectateurs et les internautes – étaient déjà visibles. Les sondages ont montré que même si la société russe avait peur du conflit, elle y était intérieurement prête", en a déduit Denis Volkov.