Y aura-t-il un pilote dans l’avion cet été ?
Les compagnies aériennes tournent de nouveau à plein régime. Une reprise inespérée après le crash du Covid. Mais la crainte de manquer de pilotes cet été se profile...
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Publié le 08-05-2023 à 19h06 - Mis à jour le 09-05-2023 à 22h28
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Trois ans après le début de l’épidémie de Covid-19, les compagnies aériennes enchaînent de nouveau les rotations à un rythme soutenu. "C’est presque inespéré après ce que l’on a connu il y a 3 ans", se félicite Christophe Verleye, vice-président exécutif de la BeCA, The Belgian Cockpit Association.
Si elles tournent de nouveau à plein régime, les effets de la crise sanitaire se font toutefois encore ressentir. La plupart des compagnies manquent de pilotes et copilotes.
Pendant le Covid, des pilotes proches de l’âge de la pension ont été poussés vers la sortie, d’autres licenciés. D’autres encore, échaudés par des mois d’inactivité, ont opté pour un autre plan de carrière.
"La situation était particulièrement intenable pour les jeunes pilotes qui venaient d’obtenir à grands frais (NDLR: environ 100 000 €) leur licence européenne car ils devaient en plus financer la suite de leur formation c’est-à-dire la qualification de titre sur Airbus ou Boeing, normalement prise en charge par leur compagnie", explique Christophe Verleye, pilote de ligne chez Brussels Airlines.
Air France débauche nos pilotes
Le manque de pilotes est généralisé, les compagnies aériennes recrutent à tout-va. La demande dépassant largement l’offre, les transferts d’une compagnie à l’autre sont nombreux, souligne le vice-président de la BeCA.
"Depuis plus d’un an, le groupe Air France-KLM réengage massivement. Toutes les semaines, des pilotes belges quittent leur compagnie pour aller travailler à Air France. Tout est mieux là-bas: la carrière, les statuts, les salaires, les conditions de travail… Air France, c’est le Nirvana en Europe ! Des pilotes vont même jusqu’à troquer leur statut de commandant ici pour celui de copilote dans une filiale de la compagnie française."
Brussels Airlines a engagé 50 nouveaux pilotes
Comme bien d’autres compagnies aériennes, Brussels Airlines a dû renforcer son pool de pilotes pour faire face à la reprise du trafic aérien. La première compagnie aérienne belge a prévu d’engager une soixantaine de pilotes au cours de l’année 2023 pour prendre les commandes de ses Airbus. Elle forme et recrute de nouveaux pilotes depuis septembre 2022 pour 2023. Environ 50 nouveaux copilotes ont été engagés, dont 40 sont déjà formés ou actifs. Et en prévision de 2024, un nouvel appel à candidatures vient d’être mis en ligne en vue de recruter 10 nouveaux copilotes.
"Les compagnies doivent anticipe car former des gens, cela prend des mois, rappelle Christophe Verleye. Il y a les cours théoriques, la formation sur simulateur et la formation en ligne. Former 50 copilotes d’un coup, cela veut dire former 25 équipages de 2 pilotes, ce n’est pas en 6 mois que le problème va être réglé. Il faut des instructeurs, des vols pour qualifier les gens. Il y a une trentaine de vols avec un instructeur, il faut aussi des simulateurs pour qualifier les gens. O n a regardé chez Brussels Airlines pour des formations sur des simulateurs à l’étranger car le simulateur à Bruxelles va être plus qu’overbooké".
Un crédit de 1 000 € par mois, pendant 10 ans
Hors Covid, il y a un frein récurrent au métier de pilote de ligne: le prix de la formation dans une école agréée, environ 100 000 €. Une fois diplômés, les jeunes pilotes disposent d’une licence leur permettant de travailler dans n’importe quelle compagnie européenne.
"Les écoles ont bien compris que si elles n’aidaient pas les gens à trouver un financement pour payer leur formation, elles allaient manquer d’élèves, souligne Christophe Verleye. Elles se sont donc associées à des banques qui proposent des tarifs préférentiels. Les jeunes gars qui commencent ont un crédit à rembourser de plus ou moins 1 000 €/mois pendant 10 ans."