Les essais clinique ne sont pas concluants : on ne peut toujours pas guérir la dysfonction érectile
L’espoir s’est éteint il y a un peu plus d’un mois: une étude sérieuse, versus placebo, a montré que les cellules souches et le plasma enrichi ne guérissent pas la dysfonction érectile. Explication du Pr Albersen (UZLeuven).
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Publié le 03-05-2023 à 04h00 - Mis à jour le 03-05-2023 à 18h48
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Cela faisait dix ans que la recherche se penchait sur l’utilisation des cellules souches pour soigner la dysfonction érectile. "Les phases 1 et 2 ont montré que le traitement n’avait pas d’effet toxique et donnait des résultats prometteurs", se souvient le Dr Bertrand Tombal, urologue aux cliniques universitaires Saint-Luc.
Mais le test du traitement face à un placebo n’a pas montré de résultats probants, et tous les espoirs ont été anéantis en mars 2023, lorsqu’une équipe danoise a publié ses résultats. Le Pr Maarten Albersen, urologue à l’UZLeuven a participé à la préparation de cette étude.
Le traitement consistait à injecter des cellules souches du patient et du plasma enrichi en plaquettes dans son pénis dans le but de régénérer la fonction érectile. "Cela semble être une voie sans issue. Des études sont toujours en cours, mais il y a peu de chance qu’elles aboutissent", dit le Le Pr Albersen. Les seuls résultats positifs publiés jusqu’à présent proviennent de petites études, où le traitement n’était pas utilisé dans un groupe face à un placebo.
Chez les rats, ça marche
Le spécialiste flamand a fait son doctorat sur l’utilisation des cellules souches pour restaurer la fonction érectile chez les rats.
Et chez les rongeurs, le traitement fonctionnait très bien. "Mais il n’est pas rare que des traitements fonctionnent dans la phase de test sur les rongeurs, mais pas chez les humains, parce que chez l’animal, on a un modèle très simplifié de la maladie", commente-t-il.
Notons que même si l’efficacité des cellules souches pour rétablir la fonction érectile n’est pas réelle, il existe des cabinets d’urologie, aux États-Unis, qui utilisent la méthode sur leurs patients "mais il s’agit davantage de “faire de l’argent” que de se soucier de la santé du patient". Chez nous, l’étude danoise a sans doute signé l’arrêt de mort de la méthode, car l’absence d’efficacité entraîne de facto une absence de remboursement.
Traitements traditionnels
Si l’on ne peut pas guérir le patient, on peut tout de même traiter le symptôme et provoquer artificiellement des érections, par le biais des inhibiteurs de la PDE5, notamment, selon le Pr Albersen. "Cela fonctionne relativement bien. C’est pour ça que c’est compliqué pour l’industrie de travailler sur le développement de nouveaux traitements. Il y a une firme qui travaille sur une nouveauté, mais elle fait ça dans le secret."