Une chaire "Jeu sûr et responsable" à l’UMons
L’UMons et la Loterie Nationale ont signé ce lundi 2 mai une convention de collaboration pour lancer une chaire académique consacrée à l’étude de l’addiction aux jeux de hasard en ligne.
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Publié le 02-05-2023 à 18h00 - Mis à jour le 02-05-2023 à 19h06
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A l’origine de ce partenariat, unique en Belgique, il y a la volonté de la Loterie Nationale de collecter "des données scientifiques objectives" concernant les assuétudes liées aux jeux de hasard en vue de permettre aux pouvoirs publics d’élaborer "des mesures de prévention correctes". "Nous manquons de données dans le secteur des jeux de hasard, et nous nous sommes dirigés, dans cette optique, vers une mise en place d’une étude académique indépendante. L’objectif de la chaire va permettre d’amener de la sérénité dans ce débat important pour la société. Nous souhaiterions aussi que le débat soit tenu de façon objective", explique Jannie Haek.
Le CEO de la Loterie Nationale fait référence au développement exponentiel depuis 2 013 des plateformes de jeux et de paris en ligne. "On fait tout et n’importe quoi dans le secteur, les jeux doivent être organisés de façon responsable". Responsable comme entend l’être la Loterie Nationale qui a fixé une série de limites pour les jeux en ligne (montant maximum des dépôts, des pertes journalières, du nombre de jeux instantanés par jour…) ainsi que la possibilité de s’auto-exclure.
Beau joueur, Jannie Haek se dit prêt à mettre en place les modifications proposées par les chercheurs de l’UMons concernant les caractéristiques et l’environnement des jeux de la Loterie Nationale qui seront étudiés. Et il invite ses "collègues" du secteur privé à faire preuve de la même transparence que la Loterie Nationale sur les mises et les habitudes de leurs joueurs.
Des datas, un budget de 500 000 euros
La Loterie Nationale mettra à la disposition des chercheurs de l’UMons les données anonymisées de près d’un million de joueurs en ligne et un budget de 500 000 euros pour financer la recherche sur une période de 4 ans.
L’université hennuyère, elle, mobilisera des chercheurs spécialisés dans l’intelligence artificielle, les mathématiques et la psychologie cognitive pour une approche transdisciplinaire de l’addiction aux jeux de hasard en ligne.
"C’est pour nous une formidable occasion de mettre nos compétences au service de la société et d’une problématique que nous soumet un partenaire privé qui fait appel à nous, se félicite le recteur de l’UMons Philippe Dubois. Cette nouvelle collaboration va permettre d’éclairer un sujet de société qui est le risque de dépendance aux jeux de hasard et ses conséquences néfastes sur l’individu".
Deux thèses doctorales
La recherche s’articule autour de deux axes: il s’agira d’une part d’étudier les différents types de jeux et évaluer leurs risques théoriques en ayant recours à la théorie des jeux (une branche des mathématiques) et à la psychologie cognitive, et, d’autre part, de comprendre les caractéristiques des comportements pouvant mener à l’addiction en ayant recours à l’intelligence artificielle et sur base des données anonymisées des joueurs.
"L’apprentissage non supervisé est une branche de l’intelligence artificielle qui permet d’extraire des structures dans des données sans a priori. Par jeu, on va extraire des types de comportements spécifiques et les relier au risque d’addiction", explique Fabian Lecron, professeur à la faculté polytechnique.
Deux thèses doctorales seront financées dans le cadre de la collaboration entre l’UMons et la Loterie Nationale: la première tentera de cibler le profil des joueurs à risque à l’aide de l’intelligence artificielle ; la seconde examinera dans quelle mesure les caractéristiques individuelles des joueurs influencent leur rationalité pendant le jeu et contribuent au développement d’une addiction.