En agriculture, "se passer des pesticides, ce n’est ni un dogme, ni un slogan"
Se passer totalement des pesticides est possible, dit Nature & Progrès. L’association publie un guide des alternatives pour les cultures de pommes de terre et les légumes de plein champ.
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Publié le 28-04-2023 à 19h53 - Mis à jour le 29-04-2023 à 06h00
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En 2021 et 2022, Nature & Progrès a organisé une série de rencontres dans des fermes afin de parler des alternatives aux pesticides chimiques de synthèse en culture de pommes de terre et légumes plein champ. Objectif ? Démontrer qu’une agriculture sans pesticides, c’est possible.
"Ce n’est en effet ni un dogme, ni un slogan. C’est tout à fait faisable et on y croit", assure Marc Fichers.
Mais ce n’est évidemment pas le secrétaire général de Nature & Progrès qu’il faut convaincre. Raison pour laquelle ce sont des agriculteurs bio (ou en conversion bio) qui, lors de ces rencontres encadrées par des experts et accompagnées de consommateurs, ont expliqué à des agriculteurs conventionnels comment ils pratiquent dans leur exploitation.
"Car c’est toujours plus efficace lorsque ce sont des professionnels qui se parlent entre eux", note Marc Fichers. Qui se félicitent que ces rencontres ont suscité des "prises de conscience" chez des agriculteurs qui utilisent des pesticides et pourraient donc s’en passer demain.
Ce vendredi, sur le campus universitaire de Louvain-la-Neuve, Nature & Progrès a organisé un colloque pour faire le bilan de l’opération et présenter un guide qui reprend l’ensemble des pratiques découvertes sur le terrain. Rotations de cultures, désherbage mécanique, alliés naturels (voir ci-dessous), le travail du sol en interculture, le choix des variétés, les modes de fertilisation,… : il n’y a pas une méthode mais bien une combinaison de méthodes préventives pour se passer de la solution chimique.
Trop contraignant, diront certains ? Au contraire, répond Marc Fichers. "Les agriculteurs qui travaillent de cette manière me disent qu’ils ont retrouvé le plaisir du métier, car c’est un travail plus technique, qui demande d’observer et de connaître ses terres et ses cultures. C’est bien plus valorisant que de mettre des produits chimiques dans des bidons."
"On ne réclame jamais ce qui est impossible"
Nature & Progrès adresse aussi, au travers de ce guide des alternatives, un message au politique pour accélérer le tempo: "nous ne voulons pas moins de pesticides, nous ne voulons plus de pesticides du tout !" Or, on n’y est pas, déplore Marc Fichers.
Même s’il y a des avancées au niveau européen pour réduire l’usage des pesticides, le règlement wallon qui vise une application "raisonnée" de ces produits n’est pas un bon signal, estime-t-il. Car ces règles ne font qu’avaliser l’usage des pesticides qui se retrouvent donc malgré tout dans l’environnement.
"Nous ne sommes pas dans une dynamique d’opposition mais bien de solution, dit Marc Fichers. On ne réclame jamais ce qui est impossible, mais se passer des pesticides est réellement possible." Aujourd’hui en Wallonie, 1 hectare agricole sur 8 et 1 ferme sur 7 sont certifiés bio et s’en passent donc déjà.