L’Iran en proie à des grèves et des blocages
Une vague de protestations a éclaté parmi les travailleurs de la puissante industrie pétrochimique.
Publié le 27-04-2023 à 18h23 - Mis à jour le 27-04-2023 à 18h24
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YATHZ4EHGVGBHAOQRWRIOYMGUM.jpg)
Le mouvement de contestation du pouvoir en Iran n’est pas éteint, loin de là. Après les rassemblements de la jeunesse iranienne, révoltée par la mort de Mahsa Amini, morte à l’automne dernier pour avoir mal porté son voile, le ras-le-bol a, semble-t-il, atteint les travailleurs de la puissante industrie pétrochimique irannienne.
En témoigne, en fin de semaine dernière, une série de grèves et blocages, répertoriés par le CNRI, le Conseil de la résistance iranienne en exil. Photos et témoignages à l’appui, le Conseil a répertorié des blocages dans une quinzaine de villes, voire plus. Les griefs sont multiples, entre bas salaires, conditions de travail intenables, et surdité des autorités.
Mouvement d’ampleur
"Je salue la grève des travailleurs du pétrole et de la pétrochimie à Gatchsaran, Assalouyeh, Dehloran, Chiraz, Bouchehr, Lordegan, Sirjan, Jask, Kerman et d’autres villes", a déclaré Maryam Radjavi, présidente de l’opposition en exil. "Tandis que les travailleurs en Iran sont privés de leurs droits élémentaires et connaissent des conditions de vie exsangues, les dirigeants du régime des mollahs, les commandants des gardiens de la révolution, et les enfants corrompus des cercles dirigeants, pillent les ressources des Iraniens. Pour sauvegarder la dictature religieuse, ils dilapident les richesses du pays dans les projets nucléaires, de missiles et de bellicisme à l’étranger. La seule solution est de se soulever et de résister pour renverser ce régime et instaurer la liberté, la justice et la souveraineté populaire", a-t-elle tonné samedi passé.
En début de semaine, la grève "des travailleurs du pétrole, du gaz, de la pétrochimie,des centrales électriques, de la sidérurgie et des mines de cuivre" se poursuivait, selon Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran et collaborateur au sein de l’opposition en exil.
Au moins "97 centres et entreprises industrielles dans 32 villes de 12 provinces" ont connu des blocages et manifestations, a-t-il décompté cette semaine.
"Les travailleurs défavorisés de ces secteurs industriels, principalement sous le contrôle des gardiens de la révolution et de la mafia affiliée à Khamenei, ont cessé de travailler pour protester contre les bas salaires, le non-paiement des salaires et des avantages sociaux, les conditions de travail exténuantes et le manque d’attention à leurs demandes", conclu le politologue.
Suspicions d’empoisonnements
Ces dernières semaines, de nouvelles vagues d’empoisonnements auraient eu lieu dans des écoles pour filles, en particulier les "15, 16 et 17 avril", relevait récemment Amnesty International, pour qui ces actes (non revendiqués) "semblent s’inscrire dans le cadre d’une campagne coordonnée et organisée qui vise à punir les écolières pour leur participation aux manifestations qui ont éclaté à la mi-septembre, en 2022."