Est-ce que le son de la musique est meilleur sur un vinyle qu’en format numérique ?

La question d’Olivier: quel support offre la meilleure qualité de son, le vinyle ou le digital ? Est-ce objectivable ?

 Les amateurs de vinyles lui trouvent toutes les vertus, mais le son du support numérique est objectivement meilleur.
Les amateurs de vinyles lui trouvent toutes les vertus, mais le son du support numérique est objectivement meilleur. ©marina_larina - stock.adobe.com

Il existe bel et bien des critères objectifs qui permettent de comparer la qualité des signaux entre un enregistrement musical sur vinyle et support numérique, selon Pierre-Laurent Babuin, qui enseigne aux ingénieurs du son à l’institut des arts de diffusion (IAD). "Il s’agit de la réponse en fréquence, le rapport signal-bruit, la dynamique, la distorsion. Et tous ces critères penchent en faveur du support numérique." Même si le vinyle a de plus en plus de fans, il est selon le spécialiste tout à fait inférieur en qualité aux autres supports numériques quels qu’ils soient.

MP3, le moins bon du numérique

"La musique dématérialisée fonctionne avec toute une série de vecteurs différents, du plus qualitatif au moins qualitatif… Le moins qualitatif étant le MP3, parce qu’il induit une compression assez forte du signal original, qui perd en détail, en définition. Et si on écoute deux échantillons, l’un compressé et l’autre non, la différence est relativement audible. Mais le taux de compression joue: il y a des MP3 très compressés, qui s’entendent très fort. D’autres, compressés de façon plus légère sonnent de manière identique pour des oreilles normales: la compression n’est pas forcément destructrice au niveau du son, mais elle l’est techniquement. "

Mais il existe des plateformes où l’on trouve du son numérique "lossless" de très haute qualité, comme Qobuz des streams de haute résolution qui dépassent le CD. "Mais la qualité du CD suffit pour 85% des gens", précise le professeur.

Un vinyle c’est quoi ?

Le vinyle, comme son nom l’indique, c’est un support plastique. "Il est pressé au départ d’une matrice. Ce “négatif” est le support original en verre, qui sert à fabriquer plusieurs copies. Le microsillon présente des petites stries. La lecture se fait par une petite pointe en diamant, qui vibre proportionnellement à la forme du sillon gravé sur vinyle. Les vibrations génèrent des ondes électriques, par le biais d’un aimant qui vibre autour d’une bobine. Ces vibrations vont être amplifiées par la suite."

Les gros défauts du vinyle sont liés à son support. Tout d’abord, il y a l’usure du matériau: "Les arrêtes s’arrondissent à force d’être lu, c’est inévitable, constate Pierre-Laurent Babuin. Dans un 1er temps, ce sont les plus hautes fréquences qui sont perdues, parce que c’est ce qui est le plus fin."

Ensuite, la qualité du son est altérée par les poussières et les griffes, qui donnent ces petits "crachotis" typiques du vinyle. "Ça fait partie de la couleur du vinyle, mais ce sont des défauts que l’on ne retrouve pas sur un autre support, et ces défauts sont amplifiés par la chaîne électroacoustiques."

De plus, la dynamique du vinyle est plus limitée: les écarts entre les sons forts et les sons faibles sont moins importants. "Un CD audio classique offre 96 dB d’écart entre les sons les plus forts et les plus faibles. Un vinyle ne peut proposer que 50 à 60 dB. Pour la musique classique, qui a une dynamique élevée, c’est problématique: les sons les plus faibles, comme un triple piano, risquent de se retrouver dans le bruit de fond du vinyle et se trouver en dessous du plus petit son que le vinyle est capable de restituer."

Enfin, l’équipement est très différent: le prix d’une platine vinyle peut aller de 50 € à 20 000 €, avec des qualités tout à fait différentes, avec une répercussion importante sur la qualité audio. Tandis qu’un lecteur CD ou un lecteur de musique numérique dématérialisée a une qualité plus constante.

Un amour subjectif

Pour Pierre-Laurent Babuin, l’amour voué au vinyle est subjectif. "Il est lié à l’objet, sa pochette ; au rituel, à la gestuelle de mettre précautionneusement un disque sur une platine. Puis on aime le vinyle pour ses défauts, comme on aime une vieille voiture pour son charme ou un train à vapeur.

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