Puis-je demander l’euthanasie anticipée dans l’éventualité d’une maladie neurodégénérative ?

Question de Corinne: "Une de mes connaissances souffre d’une dégénérescence des cellules frontales. Je l’ai vue progressivement perdre son raisonnement, suite au diagnostic de cette maladie. Si cela m’arrivait, je ne souhaiterais pas vivre dans de telles conditions. Pourrais-je demander, anticipativement, l’euthanasie ? Quelles démarches dois-je effectuer ? Puis-je demander à quelqu’un de faire l’injection létale si mon état était amené à se dégrader ?"

 La déclaration anticipée n’est pas valable pour une maladie de type Alzheimer.
La déclaration anticipée n’est pas valable pour une maladie de type Alzheimer. ©Andrei – stock.adobe.com 

Nous avons demandé à Jacqueline Herremans, avocate et membre de la Commission euthanasie, de nous éclairer sur votre demande, Corinne. Elle explique que l’euthanasie est possible tant que la personne dispose de suffisamment de lucidité pour formuler une demande actuelle. Le diagnostic d’une maladie neurodégénerative n’empêche donc pas une demande d’euthanasie. Me Herremans précise: "Si on se réfère aux chiffres de la Commission d’évaluation et de contrôle, il y a chaque année une vingtaine de déclarations d’euthanasie pour troubles cognitifs avec une augmentation en 2022 où l’on a enregistré 42 euthanasies."

Pas de demande anticipée

Par contre, la déclaration anticipée, telle qu’elle a été conçue en 2002, ne peut être invoquée lorsque le patient perd sa capacité de formuler une demande actuelle (voir encadré). "Ou alors, à l’extrême fin de la maladie neurodégénérative, dans le cas où la personne, devenue grabataire, alimentée artificiellement, ne réagit plus aux stimuli extérieurs", dit Me Herremans.

L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), dont Jacqueline Herremans est la présidente, souhaite que l’on fasse sauter le carcan de la déclaration anticipée, qu’il soit possible de moduler les circonstances, le contexte dans lesquels on souhaiterait que l’euthanasie soit pratiquée. "Par exemple, le jour où je ne reconnaîtrai plus les miens, que je ne saurai plus qui je suis, que je serai totalement dépendant des autres pour n’importe quel geste de la vie quotidienne. "

En 2008, l’écrivain Hugo Claus, alors qu’il était atteint de la maladie d’Alzheimer, a obtenu l’euthanasie. Il a quelque peu précipité sa décision car il craignait ne plus être en capacité de formuler une demande actuelle d’euthanasie. "Mais le faire de peur de perdre ses capacités, c’est se priver de vivre encore quelques mois, voire quelques années", constate Me Herremans

Quant à votre dernière question, Corinne, demander à un tiers, qui n’est pas médecin, de faire une injection létale, en dehors du cadre de la loi, cela équivaudrait à lui demander de commettre un homicide. Et pour rappel, le médecin lui-même est libre d’accepter ou de refuser de pratiquer l’euthanasie.

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