Cette poubelle qui maigrit mais coûte plus cher: les communes face à l’explosion du coût des collectes
Alors qu’on leur demande de produire moins de déchets ménagers, les communes sont confrontées à une forte inflation du coût de la collecte.
- Publié le 03-04-2023 à 06h00
- Mis à jour le 03-04-2023 à 06h59
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Rien n’échappe à l’inflation, et certainement pas le coût de la gestion des déchets. Mais quand les élus des communes d’Orp-Jauche, de Jodoigne, d’Hélécine et d’Incourt ont reçu la réponse à l’appel d’offres lancé par l’intercommunale InBW pour leur nouveau contrat de collecte des déchets, ils sont tombés de leur chaise. L’augmentation par rapport au contrat actuel est de… 110% ! Pour le conseiller communal d’Orp-Jauche et député wallon Olivier Maroy (MR) qui a fait remonter l’info jusqu’au parlement, " c’est la double peine pour les citoyens ". Ils devraient trier plus et paieraient plus cher… " Certes, ces communes passeraient du système de sac à celui du conteneur à puce, mais ça n’explique pas tout."L e sac aussi a beaucoup augmenté", dit Étienne Offergeld, Directeur du département collecte chez In BW. L’intercommunale a d’ailleurs relancé un autre appel en espérant avoir un meilleur prix." Mais ce sera peut-être +100% quand même…", dit-il. Précisant qu’il faut aussi" voir d’où on vient". C’est-à-dire d’un ancien contrat conclu lorsque le covid et la guerre en Ukraine n’avaient pas encore fait exploser les prix.
Si le cas de l’offre reçue par In BW est peut-être extrême, ce sont toutes les intercommunales qui sont confrontées à une augmentation des coûts, qu’elles gèrent elles-mêmes la collecte ou qu’elles la sous-traitent. "C’est indéniable qu’il y a une grosse augmentation, en moyenne de 30-40%", confirme Eddy Girardi, de la Copidec, fédération des sept opérateurs du secteur public de gestion de déchets en Wallonie. Carburants, métaux (donc véhicules), indexation des salaires,… : les causes sont les mêmes que partout. Et avec 70% de frais fixes, la marge de manœuvre est faible pour les opérateurs. Même réduire la fréquence des collectes, comme c’est en réflexion (voir ci-dessous) au sein des intercommunales, n’aurait qu’un effet marginal. "Ce n’est pas parce qu’on passerait 1 fois tous les 15 jours qu’on diviserait les coûts par deux, dit Stéphane Fokan, responsable des collectes chez Idelux, qui dessert 44 communes de la province de Luxembourg et 4 de la province de Liège. À certains endroits, on devra peut-être passer avec 2 camions plutôt qu’un. Au global, on aura peut-être une économie de 10 ou 15% maximum." Le citoyen wallon doit-il dès lors s’attendre à voir sa taxe poubelle augmenter dans les mois à venir alors qu’il est un des meilleurs élèves européens en matière de tri ?
Dans un contexte où tout augmente, que le prix de ce service reste immuable serait anormal. Mais politiquement, la pilule est compliquée à faire avaler. Car il s’agit d’exiger des efforts pour en mettre moins dans la poubelle et de la faire payer plus cher. Même si les communes doivent appliquer le coût vérité, il y a d’ailleurs fort à parier qu’elles attendront la fin des échéances électorales de 2024 avant de le répercuter dans la "taxe poubelle".