Forêt wallonne: éviter "le pire des scénarios" au printemps
L’hiver a-t-il permis à la forêt wallonne de se remettre d’un été traumatisant? Tout dépendra du scénario climatique du printemps. Une sécheresse précoce risquerait de mettre à mal une forêt fragilisée par un manque d’eau récurrent depuis plusieurs années.
Publié le 30-03-2023 à 06h00 - Mis à jour le 30-03-2023 à 09h30
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La forêt wallonne s’éveille lentement au printemps et les gestionnaires attendent sans doute les prochaines semaines avec une certaine anxiété. Les arbres ont durement souffert de la sécheresse de l’été dernier, mais ce n’est qu’au sortir de l’hiver que le vrai bilan de l’effet de cet extrême climatique pourra être tiré et que l’on saura si les feuillus, en dormance pendant l’hiver, ont suffisamment récupéré.
"L’hiver a été plus ou moins humide et on va donc partir sur une base un peu plus saine, dit Quentin Leroy, de l’Observatoire wallon de la santé des forêts (OWSF). Mais on n’a pas non plus des conditions exceptionnelles et le pire des scénarios serait de démarrer le printemps sur une sécheresse."
Il faut dire que depuis 2015, à l’exception de l’année 2021, la forêt wallonne a encaissé une répétition de sécheresse qui érode lentement mais sûrement ses capacités de résilience. "On s’approche de certaines limites et la situation devient de plus en plus difficile à gérer ", confirme Quentin Leroy.
La gestion, justement, elle passe à moyen et long terme par la mise en place d ’essences d’arbres plus adaptées à ces épisodes de manque d’eau. C’est ce que prévoit notamment le volet climato-environnemental du plan de relance de la Wallonie ainsi que le " plan sécheresse " mis en place par la ministre Tellier.
Mais pour l’immédiat, les propriétaires et gestionnaires forestiers doivent également adapter leurs pratiques pour éviter d’accélérer le dépérissement des peuplements. "Il faut notamment faire attention à la manière dont on effectue les coupes et le nombre d’arbres que l’on abat afin d’éviter un trop grand stress qui pourrait emballer le phénomène." Plus on coupe et plus on assèche le sol. Vu les conditions climatiques d’aujourd’hui, maintenir suffisamment d’ombrage au sol est donc un élément clé dans la gestion de la ressource bois. "Les forestiers sont de plus en plus conscients de cette problématique et adaptent leur gestion afin de préserver ces microclimats forestiers qui permettent d’avancer vers quelque chose de plus résilients par rapport à ces à-coups du climat", dit le spécialiste de la santé des forêts.
Scolytes: la fin de la pullulation si…
L’autre mal qui affecte la forêt, et qui est également lié au changement climatique, ce sont les scolytes. Cet insecte qui dévaste les peuplements d’épicéas un peu partout en Europe depuis 2018 se réveillera aussi avec les beaux jours. Les forestiers croisent les doigts pour que ce soit le plus tard possible. Ce qui permettrait de limiter le nombre d’envols (donc de génération) de l’insecte à deux plutôt que trois, lors des pires années (2018, 2019 et 2020).
L’an dernier et en 2021, le premier envol avait eu lieu mi-mai, ce qui avait permis de contenir le ravageur à deux générations seulement. "Les conditions fraîches de cette fin mars nous donnent de bonnes chances de ne pas avoir de 3e génération cette année-ci non plus, dit Quentin Leroy. Ce qui confirmerait la fin de la pullulation et donc une diminution des dégâts. Même si des épisodes plus chauds peuvent encore occasionner localement quelques rebonds de la population de scolytes. "
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