La Belgique, "royaume des pesticides"
La Belgique fait partie des pays européens les plus complaisants envers les pesticides dangereux et accorde de plus en plus de dérogations, dénonce un rapport de deux ONG environnementales.
Publié le 28-03-2023 à 05h00
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La semaine dernière, Pesticide Action Network Europe et Nature & Progrès avaient assigné David Clarinval (MR) en justice pour avoir accordé une dérogation à l’Indoxacarbe, un insecticide hautement toxique interdit en Europe et alors même que, en janvier, la Cour de justice de l’Union européenne avait jugé que les États ne pouvaient accorder une telle dérogation.
Ce lundi, les deux mêmes ONG environnementale ont lancé une nouvelle pierre dans le jardin du ministre fédéral de l’Agriculture sous la forme d’un rapport accusateur: "La Belgique, le royaume des pesticides."
Selon cette étude, 80% des substances actives identifiées au niveau européen comme étant très toxiques sont toujours utilisées. Pour ne citer que deux exemples parmi d’autres, 26% des autorisations de pesticides sont données à des produits classés cancérigènes et/ou toxiques pour la reproduction ; 16% des pesticides autorisés sont susceptibles d’altérer les fonctions sexuelle et reproductive et impactent potentiellement le développement du fœtus.
Par ailleurs, et directement en lien avec l’assignation en justice évoquée plus haut, la Belgique est le 8e pays ayant le plus dérogé à une interdiction de pesticides au niveau européen pour protéger la santé et l’environnement entre 2019 et 2022 (14 dérogations en 2011 pour 64 en 2022).
C’est donc un très mauvais bulletin que décernent les deux organisations à la Belgique, et plus particulièrement à l’administration fédérale en charge des autorisations. Alors que le SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement avait annoncé son ambition de remplacer les produits les plus toxiques par des alternatives moins dangereuses, c’est tout le contraire qui se produit, avec une augmentation des dérogations. Parmi les autorisations accordées, 21% concernent même des pesticides candidats à la substitution, relèvent PAN Europe et Nature & Progrès. Selon les ONG, la Belgique fait donc, au mieux, preuve d’un manque d’ambition flagrant pour réduire l’usage des pesticides les plus dangereux. Et, au pire, de complaisance envers les entreprises phytosanitaires en acceptant les demandes de dérogations sans exiger d’études chiffrées ou des résultats d’études en champs pour étayer leurs arguments. "Il suffit apparemment de mentionner le mot-clé “non rentable” ou “résistance” pour que la dérogation soit accordée", dénonce Martin Dermine, directeur exécutif de PAN Europe.