"Memento Mori", le nouvel album de Depeche Mode sort ce vendredi: la mort leur va si bien
Avec "Memento Mori", qui sort ce vendredi 24 mars, Depeche Mode signe un 15e album où le thème de la mort est très présent, mais sans être morbide.
Publié le 23-03-2023 à 08h00 - Mis à jour le 24-03-2023 à 17h58
"D on’t play with my world, don’t mess with my mind, don’t question my spacetime, my cosmos is mine…"
Dès les premières notes et paroles de My Cosmos is Mine, le ton est donné: Memento Mori (locution latine qui signifie "Souviens-toi que tu vas mourir"), le quinzième album studio des Anglais de Depeche Mode – produit par James Ford (déjà à la manœuvre sur Spirits en 2017) et Marta Salogni (The XX, Goldfrapp) – n’est pas des plus joyeux. Le titre de l’album "a l’air très morbide mais on peut aussi le voir de façon très positive, dans le sens “Vivez chaque jour au maximum”", soulignait Martin Gore lors d’une conférence de presse à Berlin à l’automne dernier.
L’album a été écrit en pleine pandémie, alors que l’on ne parlait que de confinement et que la liste des morts s’allongeait chaque jour un peu plus. Sont venus ensuite s’ajouter le conflit en Ukraine puis le décès inopiné à l’âge de 60 ans d’Andrew Fletcher, claviériste et cofondateur du groupe, qui n’ont rien arrangé, même si tout était déjà écrit. Si Fletcher n’a jamais été considéré comme un membre majeur au niveau de la production musicale, c’est lui qui était la courroie de transmission entre Dave et Martin, qui n’ont pas pour habitude de se parler.
"Andy était du genre à parler à tout le monde quand il entrait dans une pièce, alors que Dave et moi, on se tenait plus en retrait. Maintenant qu’Andy est parti, on a dû travailler notre relation, se rapprocher", raconte Martin dans une interview à nos confrères canadiens de La Presse, tandis qu’il indique à Moustique que maintenant, ils doivent "se rapprocher et se serrer les coudes".
Entame et final anxiogènes
Concrètement, Martin Gore continue à se tailler la part du lion, avec dix morceaux signés ou cosignés sur les douze, dont quatre avec Richard Butler, le leader de The Psychedelic Furs, groupe post-punk anglais fondé à la fin des années 70. Dave Gahan apparaît dans les crédits de trois morceaux, dont deux sans Martin Gore ( Before We Drown et Speak to Me).
Si l’entame est anxiogène, Wagging Tongue et Ghosts Again (qui sonne comme un classique du groupe) ramènent musicalement un peu de légèreté, même si les paroles restent noires: "Watch another angel die", répète Dave Gahan en conclusion du deuxième titre, tandis que le single – dont le clip a été tourné par le fidèle réalisateur et photographe Anton Corbijn – évoque le fait que "nous savons que nous serons à nouveau des fantômes"…
Ce qui est réjouissant, c’est que Depeche Mode tente également de nouvelles choses. À côté des ballades classiques Don’t Say You Love Me, Soul With Me (chantée par Martin Gore), Always You et Speak to Me (au final anxiogène, pour boucler la boucle), des morceaux comme Before We Drown ou People Are Good (c’est de l’ironie) proposent des arrangements électros plus originaux. Mais ce qui unit tous ces morceaux, c’est non seulement la voix chaude de Dave Gahan, toujours intacte, mais aussi les quelques riffs de guitare de Martin Gore (il s’en donne à cœur joie sur Never Let Me Go) ainsi que les sons vintages que l’on retrouve disséminés par-ci par-là, comme des petits cailloux semés par un duo fier de son passé.
La tournée Memento Mori a débuté hier à Sacramento en Californie et passera par le Sportpaleis d’Anvers le 20 mai prochain (complet).
Depeche Mode, "Memento Mori", Mute/Sony Music. À noter que l’interview exclusive du magazine Moustique sera diffusée sur LN24 ce vendredi 24 mars à 21h dans "Les visiteurs du soir".