Ouverture de la pêche à la truite ce samedi, mais les nouveaux poissons se font attendre
C’est l’ouverture de la pêche à la truite ce samedi. Mais l’empoissonnement de certains cours d’eau par le Fonds piscicole wallon tarde. En cause: le changement climatique, un nombre de pisciculteurs en diminution et des procédures d’appels d’offres complexes.
Publié le 18-03-2023 à 04h00
:focal(545x360:555x350)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PUWHMH7VYZCP3GT2JO3E3ZJKXE.jpg)
C’est ce samedi que s’ouvre en Wallonie la saison de la pêche à la truite. Traditionnellement, les quelques semaines qui précèdent et qui suivent cette ouverture permettent d’empoissonner les rivières. Si les sociétés de pêche mettent à l’eau des lots de poissons frais qu’elles financent elles-mêmes, le Fonds piscicole et halieutique de Wallonie est aussi un gros pourvoyeur. Grâce à l’argent des permis de pêche, le Fonds organise des marchés publics auxquels répondent les pisciculteurs des différents bassins. Les poissons ainsi financés par le Fonds sont alors répartis entre les différentes sociétés de pêche en fonction de la longueur de leur parcours de pêche et du nombre de membres.
Ça, c’est quand tout va bien. Or, cette année (mais ce n’est pas la première fois), il n’y a pas eu suffisamment de pisciculteurs qui ont répondu à l’appel d’offres du Fonds piscicole et halieutique de Wallonie. Et celui-ci n’est donc actuellement pas en mesure de servir tout le monde.
"En réalité, depuis 2017, avec les sécheresses et les inondations à répétition, les pisciculteurs perdent du cheptel et ne sont plus en mesure de fournir suffisamment de poissons, indique Bertrand Hoc, coordinateur filière aquacole pour le Collège des producteurs. Cette année, plusieurs lots n’ont pas pu être soumissionnés." C’est le cas notamment pour le bassin de la Semois où le Fonds n’est actuellement pas en mesure de fournir des poissons.
Plus de sécheresses, moins de poissons
La sécheresse de l’été dernier a fait mal aux pisciculteurs: beaucoup des truitelles n’ont pas pu être produites ou ont été perdues. Et c’est pour partie celles qui auraient pu être relâchées dans les rivières ce printemps. "L’été dernier, j’ai dû m’adapter à la baisse des débits et j’ai réduit ma production de 30%, dit Pierre Javaux, pisciculteur à Bertrix. Et si on loupe un été, c’est une année d’empoissonnement qui est perdue. On doit s’adapter au changement du climat, mais ce n’est pas facile…"
Pour Francis Oger, président de la Fédération des Pêcheurs de l’Ourthe, s’ajoute à cet élément climatique le problème de la diminution du nombre de pisciculteurs actifs en Wallonie. Le problème n’est donc pas propre à la truite mais concerne aussi le brochet, la perche ou encore le gardon. Qui, eux, sont mis en rivière pendant l’hiver.
"On essaie donc de trouver du poisson par nous-même, dit Francis Oger. Nous, nous avons aussi notre propre petite pisciculture à Chanxhe (Sprimont) qui nous permet de mettre à l’eau à peu près 5 tonnes de poissons sur l’ensemble du bassin de l’Ourthe." Un empoissonnement qui n’a toutefois pas encore eu lieu: le niveau d’eau et le courant sont trop importants et il y a un risque de voir les poissons partir directement à la Meuse.
Le Fonds piscicole et halieutique de Wallonie n’a d’ailleurs pas encore remis non plus un seul poisson à l’eau cette saison. Mais, ici, c’est pour une autre raison: les marchés conclus avec les pisciculteurs n’ont pas encore été validés par la Région wallonne…