Le cerveau peut anticiper la douleur
Face à la douleur, mieux vaut savoir à quoi s’attendre. Une étude de l’UCLouvain montre que l’incertitude intensifie l’activité cérébrale face à la douleur. Cela ne prouve pas que l’on a moins mal quand on sait à quoi s’attendre, mais les résultats ouvrent la porte à d’autres recherches.
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Publié le 16-03-2023 à 19h00
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En cette semaine du cerveau, les chercheurs de l’UCLouvain nous expliquent que le fait d’anticiper la douleur réduit l’activité cérébrale face à ces stimuli douloureux.
Leur étude sur la perception des stimulations douloureuses menée en collaboration avec Cambridge et Oxford a été publiée récemment dans la revue Proceedings of the National Academy Sciences (PNAS).
On a fait "mal" à 36 volontaires
Pour travailler sur la douleur, les neuroscienscientifiques André Mouraux et Dounia Mulders ont reçu en laboratoire un panel de 36 volontaires pendant trois heures. Le cuir chevelu recouvert d’électrodes, pour mesurer leur activité cérébrale, les "cobayes" étaient soumis à des stimuli thermiques de contact pendant 250 millisecondes, soit très chauds, soit très froids.
Les volontaires recevaient des séquences probabilistes de ces stimulis.. " Chaque séquence possédait des structures distinctes: une majorité de stimuli chauds ou froids, de nombreuses répétitions chaud-chaud ou froid-froid, et de nombreuses alternances d’intensité. Au fur et à mesure que la séquence avançait, le participant pouvait estimer et anticiper les stimuli à venir. On se dit “Ah, il y a surtout du chaud" ou "Il y a plus de froid"… On devient de plus en plus certain de ce qui va venir par la suite." explique Dounia Mulders, post-doctorante à l’Institut des neurosciences.
Tous avaient des variations de certitude et d’incertitude pour 1000 stimuli.
L’étude conclut que la réponse cérébrale est plus importante face à l’incertitude: l’activité neuronale est moindre quand le patient peut anticiper ce qu’il va recevoir.
La réponse cérébrale n’est pas douleur réellement ressentie
Attention, la réponse cérébrale ne reflète pas forcément l’intensité du stimulus ou de la douleur. "Cette étude montre que la réponse cérébrale est réduite. Dans des études futures, on s’intéressera à la perception de la douleur, pour savoir si elle aussi est affectée. "
Mais pour établir des liens entre la réponse cérébrale et la douleur ressentie, il faut demander chaque fois au participant d’évaluer sa douleur et mettre cette évaluation en rapport avec la réponse cérébrale, ce qui n’était pas le cas ici.
La suite: étudier sur des douleurs chroniques
Après avoir mené l’expérience sur des sujets sains, les chercheurs veulent travailler avec d‘autres profils, où la douleur dure dans le temps. "Le but est de transférer nos recherches vers la clinique", dit Donia Mulders.
Elle explique qu’une étude est déjà en cours pour essayer de voir comment la capacité à identifier des structures dans des flux de stimulations douloureuses est affectée quand on souffre de douleurs chroniques.
Une des collaboratrices de l’université Cambridge est en train d’étudier cela sur des patients souffrant du dos.