En moyenne, près de trois soins reportés chez le dentiste, le psy ou le spécialiste
Plus d’un francophone sur trois a dû renoncer à certains soins de santé pour raisons financières en 2022, selon la dernière enquête Solidaris. C’est moins qu’en 2021 mais les inégalités se creusent. Certains soins de santé sont peu ou pas accessibles à certaines catégories de la population dont les femmes, les familles monoparentales, les personnes en incapacité de travail…,
Publié le 16-03-2023 à 11h12 - Mis à jour le 16-03-2023 à 16h00
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La sortie de pandémie et le contexte économique ne permettaient pas vraiment d’espérer une embellie en matière de renoncement à des soins de santé pour raisons financières. Les résultats du dernier baromètre de l’Institut Solidaris sont pourtant à première vue moins mauvais qu’attendus. Alors que de 2015 à 2021, la proportion de Wallons et de Bruxellois renonçant à un ou plusieurs soins de santé n’a cessé d’augmenter, passant de 32% à 45%, elle n’était plus "que" de 36% en 2022.
Un bémol tout de même: le nombre moyen de soins reportés l’an dernier était de 2,89 pour 2,76 en 2021. "Les années précédentes, il y avait davantage de personnes concernées par au moins un report de soins, précise Delphine Ancel, responsable du pôle études à l’Institut Solidaris. En 2022, il y a eu moins de gens mais ces derniers ont reporté un plus grand nombre de types différents de soins".
Reports en hausse chez le psy et le spécialiste
Depuis 8 ans, le service d’études de la mutualité socialiste prend la mesure de ce renoncement pour raisons financières en ciblant six soins de santé: visite chez le dentiste, l’ophtalmologue ou le spécialiste, consultation en santé mentale ou en médecine générale et achat de médicaments prescrits.
Les soins dentaires occupent encore et toujours la première place: 25% des Wallons et Bruxellois ont renoncé à pousser la porte d’un cabinet dentaire (- 2% par rapport à 2021, + 5% par rapport à 2015). Mais ce sont les spécialistes et les prestataires en santé mentale qui enregistrent la plus forte progression en 8 ans: + 9% chez les psychologues, + 7% chez les spécialistes avec un taux de report de soins de respectivement 21% et 19% parmi les répondants. La consultation d’un généraliste reste le soin le moins reporté (14%).
Au total, c’est plus d’un francophone sur trois (36%) qui déclare avoir dû renoncer à ces soins de santé. C’est 9% de moins qu’en 2021 mais 4% de plus qu’ en 2015.
Femmes et familles monoparentales fragilisées
Sans surprise, les femmes ont une accessibilité moindre aux soins de santé que les hommes. Les écarts de genre les plus importants s’observent dans le domaine de la santé mentale (23% de femmes pour 14% d’hommes) et la consultation d’un spécialiste (26% contre 16%). Si l’on considère le report des soins dans son ensemble, 41% des femmes sont confrontées à au moins un report pour 30% d’hommes.
Plus d’une famille monoparentale sur deux (56%) a tété contrainte de se passer d’au moins un soin: 41% d’entre elles ont reporté des soins dentaires, 34% une visite chez le spécialiste et 30% des soins psychologiques.
Sale temps pour les 40-59 ans
Les 40-59 ans, encore actifs pour la plupart, sont plus nombreux (excepté pour les médicaments) que les moins de 40 ans et les plus de 60 ans à renoncer à des soins de santé: soins dentaires (30%), visite chez l’ophtalmologue (27%)…
Le coût des soins de santé serait-il devenu une variable d’ajustement du budget de la génération sandwich ?, se demandent les experts de Solidaris qui pointent les dépenses élevées des ménages des moins de 60 ans (crédit hypothécaire, transport, études des enfants…). "C’est aussi à mettre en lien avec l’incapacité de travail où l’on retrouve un grand nombre de personnes âgées de plus de 50 ans", souligne Delphine Ancel.
Mieux vaut être en bonne santé
Alors que ce sont celles qui en ont le plus besoin, les personnes en incapacité de travail sont presque systématiquement deux fois plus nombreuses à devoir reporter des soins que les personnes actives. L’an dernier, 42% ont renoncé à consulter un spécialiste, 43% à se procurer un médicament prescrit et 31% à consulter leur généraliste… Globalement, 67% (72% en 2021) ont reporté un soin pour 53% des demandeurs d’emploi et 33% des personnes actives.
Le report de soins est encore un peu plus marqué chez les personnes souffrant d’une dépression modérément sévère ou sévère puisque 77% d’entre elles ont été contraintes de reporter au moins un soin faute de moyens.