Mon crime [CRITIQUE] - Le plus beau rôle de sa vie

Une actrice sans le sou profite d’un… meurtre pour lancer sa carrière. Hilarant et intelligent: du Ozon comme on n’en faisait plus.

 Tereszkiewicz-Huppert-Marder: un trio de femmes gagnant.
Tereszkiewicz-Huppert-Marder: un trio de femmes gagnant. ©GAUMONT

Ce que ça raconte

La vie est dure pour la jeune Madeleine, actrice désargentée dans le Paris des années 30 et dont les maigres revenus, combinés à ceux de son amie avocate Pauline, ne suffisent plus à payer le loyer. Alors qu’elles allaient se retrouver à la rue, la comédienne est accusée du meurtre d’un producteur. La belle est innocente, et confie même avoir été l’objet, avant l’assassinat, des assauts libidineux de la victime. Elle accepte pourtant de plaider coupable quand elle comprend que cela pourrait bien devenir le rôle de sa vie…

Ce qu’on en pense

Voilà longtemps – sans doute depuis Potiche (2010) – que l’on n’avait pas vu un François Ozon aussi en forme. Il fallait pourtant penser à adapter cette pièce de théâtre de 1934, signée Georges Berr et Louis Verneuil, pour en faire un objet féministe et hilarant à la fois. Car, s’il y a bien sûr un côté décalé à voir des femmes réclamer la responsabilité de crimes qu’elles n’ont pas commis, c’est, derrière le rire, la modernité du propos qui séduit: sans avoir l’air d’y toucher, il résonne admirablement avec l’air d’un temps – le nôtre – où les femmes luttent pour leur indépendance, professionnelle, affective et sexuelle.

De quoi donner à cette comédie une irrésistible originalité, renforcée par un casting aussi baroque que génial: le duo d’héroïnes formé par Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder est d’une (fausse) ingénuité parfaite, Luchini impeccable en juge à côté de la plaque, et Dany Boon assez formidable en homme d’affaires… corse (chose qui avait tout de la mauvaise idée) ; même Isabelle Huppert s’avère – c’est dire – amusante en actrice oubliée du cinéma muet qui voit elle aussi, dans ce meurtre, la possibilité d’un grand retour. On adore.

Comédie de François Ozon. Avec Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. Durée: 1 h 42.

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