Déluge de missiles et Zaporijjia en mode "black-out" : un jeudi noir pour l’Ukraine
La centrale nucléaire a de nouveau dû être déconnectée du réseau électrique ukrainien. Le président Zelensky a convoqué une réunion de crise. La Russie affirme que ces frappes sont une représaille a un acte de sabotage survenu le 2 mars sur son sol.
Publié le 09-03-2023 à 16h02 - Mis à jour le 09-03-2023 à 16h17
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Cela faisait des mois que l’Ukraine n’avait pas subi une telle pluie de missiles sur son territoire : au moins 81 dans la nuit de mercredi à jeudi selon le dernier décompte rendu public par le président Zelensky sur son compte Facebook. Une trentaine d’entre eux auraient été interceptés, insuffisant pour éviter la mort d’au moins six civils, sans parler des blessés, qui se comptent en plusieurs dizaines.
"Ça a été une nuit difficile", a écrit Zelensky, toujours via Facebook, qui évoque "une attaque massive à travers le pays. Kiev, Kirovohrad, Dnipro, Odessa, Kharkiv, Zaporijjia, Lviv, Ivano-Frankivsk, Jytomyr, Vinnytsia…"
Réunion de crise
Outre des bâtiments résidentiels, des structures stratégiques, en particulier énergétiques, ont été visées, causant des restrictions "dans toutes les régions", dixit Zelensky, qui a convoqué une réunion de crise dans la journée de jeudi.
La Russie a, pour sa part, revendiqué l’attaque, affirmant au passage avoir utilisé des missiles hypersoniques (de type Kinzhal), difficilement interceptables.
D’après un porte-parole du ministère de la Défense cité par l’agence d’État russe Tass, ce blitz était en fait une réponse aux événements survenus dans la région russe de Bryansk le 2 mars dernier, au cours desquels une fusillade avait éclaté, tuant au moins deux civils. Un acte de sabotage que la Russie considère comme du terrorisme et attribue à l’Ukraine, qui ne l’a jamais revendiqué. L’événement restera dans l’Histoire, du reste, comme le théâtre des premiers coups de feu échangés sur le territoire russe depuis le début de la guerre.
Zaporijjia déconnectée
En conséquence de ces "représailles massives" (dixit la Russie), la centrale nucléaire de Zaporijjia a dû être déconnectée du réseau électrique ukrainien pour la sixième fois depuis le début de la guerre, a annoncé l’opérateur Energoatom, précisant que "18 générateurs diesel ont été allumés pour alimenter les propres besoins" de la centrale, laquelle a dû se mettre en mode "black-out".
Sous perfusion de diesel, la centrale peut tenir ainsi pendant 10 jours, a averti Energoatom, précisant que s’ "il est impossible de renouveler l’alimentation électrique externe de la station pendant cette période, un accident avec des conséquences radiologiques pour le monde entier peut se produire."
La centrale a finalement été reconnectée dans la journée de jeudi, mais l’inquiétude restait de mise. Si un accident survenait effectivement, "il faut voir ce que prévoit le plan d’urgence du pays qui va prendre les décisions d’évacuation", indique Hamid Aït Abderrahim, directeur général adjoint du Centre d’Etude de l’Energie nucléaire belge. "En fonction des relâchements cela peut être entre un rayon de 3 kilomètres autour de l’installation nucléaire, puis on peut aller bien plus loin, en fonction des niveaux fixés par l’AIEA (NDLR : l’agence internationale de l’énergie atomique), ou des doses de contamination qui sont fixées par des normes internationales."