Crises de panique et mal-être profond pour cette jeune femme après les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016
Ce jeudi 9 mars 2023, au procès des attentats de Bruxelles, une jeune femme, âgée de 33 ans, est venue raconter son histoire. Très nerveuse, elle a indiqué être "épuisée d'être contrôlée par le fantôme de ce jour" et espère, en témoignant, "enfin ne plus être une spectatrice et reprendre le contrôle de ma vie".
Publié le 09-03-2023 à 18h06
:focal(2260x1416.5:2270x1406.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Q5ZGQI5JEFBWBIOZMEVMR2SYAA.jpg)
"Pendant près de sept ans maintenant, j'ai été entendue par de nombreux psychologues et psychiatres", déclare-t-elle en ouverture de son témoignage qu'elle a choisi de lire. "Les premiers n'ont pas jugé important d'entamer un suivi, les seconds se sont endormis pendant mon récit. Récemment, un autre m'a dit, face à mon refus de prendre des médicaments: 'sans traitement vous aurez des crises d'anxiété, mais bon si vous aimez ça'".
Le jour des attentats, la jeune femme revenait à l'aéroport de Zaventem après un vol annulé la veille et devait rentrer chez elle, à Barcelone.
"Je suis entrée dans l'aéroport avec mes bagages. Mes bagages de vie - une enfance difficile, des rapports compliqués avec ma famille - et mes bagages de voyage", explique-t-elle.
Elle passe le contrôle de sécurité peu avant 7h30 et souhaite fumer une dernière cigarette mais elle n'a pas pu accéder à l'espace fumeurs et décide alors d'aller flâner dans les magasins. "Heureusement", dit-elle. Elle ne se souvient pas de grand-chose de cette journée si ce n'est l'image du "bétail" lors de l'évacuation sur le tarmac, les heures d'attente "ensardinés" à cet endroit et la "rumeur" d'une troisième bombe qui n'avait pas explosé.
L’hôtesse de l’air dont la photo avait horrifié le monde après les attentats de Bruxelles : “J’ai encore un morceau de métal dans mon orbite”La jeune femme, 26 ans à l'époque, n'a pas été blessée dans la double explosion mais, dès le lendemain des faits, elle commence à souffrir de crises de panique et développe un mal-être profond qui aura d'importantes conséquences sur sa vie sociale et professionnelle. Petit à petit, elle perd ses amis et se retrouve sans emploi.
Son époux amputé après l’attentat de Bruxelles : “Le chirurgien avait hésité à le soigner pensant qu’il s’agissait peut-être d’un des terroristes”"Aujourd'hui, je suis épuisée d'être contrôlée par le fantôme de ce jour", se confie-t-elle, le corps tremblant et en larmes.
"Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis sentie coupable de mon état. J'ai souvent pensé qu'il serait plus facile de ne plus être là, mais j'ai continué à vivre en pilote automatique", a-t-elle raconté.
Lassée d'enchaîner les rendez-vous avec des psychiatres et psychologues pour obtenir des rapports d'expertise pour les compagnies d'assurance, elle décide de fermer tous ses dossiers. "Médecins et famille me faisaient sentir que je n'étais pas légitime", justifie-t-elle.
J'ai un besoin constant de contrôler chaque situation, chaque détail, j'ai les mains qui tremblent, j'ai développé des tocs, je claque des dents à chaque fois que le niveau d'anxiété augmente et j'ai les oreilles qui se bouchent.
"Le 22 mars a changé ma vie et m'a endommagée d'une manière que je découvre et comprends seulement près de sept ans plus tard. J'ai un besoin constant de contrôler chaque situation, chaque détail, j'ai les mains qui tremblent, j'ai développé des tocs, je claque des dents à chaque fois que le niveau d'anxiété augmente et j'ai les oreilles qui se bouchent", détaille-t-elle, soulignant qu'elle se sent aujourd'hui incapable de reprendre un travail.
Ce jour-là a brisé en moi "l'espoir d'avoir une belle vie", regrette-t-elle.
En venant témoigner devant la cour, elle dit espérer s'approprier son histoire "pour enfin ne plus être spectatrice et reprendre le contrôle de ma vie". "Nous avons tous laissé une part de nous à l'aéroport ou dans le métro, mais aujourd'hui commence l'après. Ce jour-là m'a jetée face contre terre et je prends tellement de temps pour me relever", a-t-elle conclu.