Forces et faiblesses de Kemal Kiliçdaroglu, challenger officiel d’Erdogan
L’homme a été désigné par une coalition de partis d’opposition pour affronter Recep Tayyip Erdogan lors du prochain scrutin, en mai.
- Publié le 07-03-2023 à 19h16
- Mis à jour le 07-03-2023 à 19h17
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Lundi soir, les principaux partis d’opposition turcs se sont accordés pour choisir un candidat commun et ainsi se donner la meilleure chance de battre Recep Tayyip Erdogan lors du prochain scrutin présidentiel, le 14 mai prochain. Et c’est Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, lui-même président du Parti républicain du peuple (CHP), le plus gros des six partis qui se sont alliés au terme de plusieurs mois de négociations à rebondissements, qui affrontera l’actuel dirigeant turc, lequel se trouve à la tête du pays depuis vingt ans.
La couronne de la démocratie
Peu après sa désignation ce lundi soir, Kemal Kiliçdaroglu a déclaré vouloir "couronner de démocratie" la république turque, une petite phrase qui s’attaque directement à Recep Tayyip Erdogan, qui a peu à peu, au cours de deux décennies de règne ininterrompu, accentué son emprise sur le pouvoir, en particulier après la tentative de coup d’État de 2016 et les purges qui ont suivi dans le secteur public.
Mais la lenteur voire l’inaction des autorités après le violent séisme qui a secoué le pays et causé la mort d’au moins 50 000 personnes, majoritairement en Turquie, ont porté un sérieux coup à la popularité d’Erdogan, qui n’était déjà pas en grande forme à l’automne dernier, alors que de nouvelles affaires de corruption secouaient le parti qu’il préside (l’AKP).
Concomitamment, Kemal Kiliçdaroglu, président d’un parti socialiste et laïc, attaquait Erdogan sur son terrain, promettant que les femmes fonctionnaires, s’il est élu, aient la possibilité de porter le foulard islamique au travail. Il n’en fallait pas plus pour que le président turc ne prenne la balle au bond, son parti l’AKP déposant en fin d’année dernière un projet visant à inscrire dans la constitution le droit, ou non, de porter le voile dans la vie courante.
Retour aux fondamentaux
Le séisme est venu balayer, au sens propre comme au figuré, ce débat de société conçu de part et d’autre comme un thème de campagne. Les nombreuses constructions bâties hors de toute norme légale et tombées comme des châteaux de cartes ont permis à Kemal Kiliçdaroglu de revenir à son terrain de prédilection : la lutte contre la corruption, un thème qui l’avait propulsé sur le devant de la scène politique lors de sa réélection en tant que député en 2007.
Si cet expert-comptable de formation peut se montrer redoutable en débat, il n’est toutefois pas à l’abri d’une défaillance. Lors de sa campagne pour la mairie d’Istanbul en 2009, le candidat avait multiplié les bévues, prononçant erronément le nom de certains quartier de la ville. Et pour cause : avant de se présenter devant les Stambouliotes, il n’y avait jamais vécu. Malgré un très bon score, il avait perdu, rappelle le Middle East Eye.