In Memoriam, Brancusi, Ducobu, etc.: nos 15 coups de coeur (ou de griffe) BD du jeudi 2 mars 2023

Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois, la vraie histoire de la Joconde, un Paris en ruines et un chien baptisé Clémenceau. Entre autres plaisirs. Bonnes lectures. Des chroniques à retrouver, aussi, dans La Librairie de L’Avenir, bien sûr.

In Memoriam
In Memoriam ©Dupuis

1. Les petits voyageurs de l'art

"Les petits voyageurs de l'art" (Kennes, 2023)
"Les petits voyageurs de l'art" (Kennes, 2023) ©Kennes

Les mots de l'éditeur

Lucas et Jade ont hérité du pouvoir de leur mère : traverser les tableaux pour atterrir dans l’atelier de l’artiste. Quel pouvoir extraordinaire ! Encore faut-il pouvoir s’en servir. Et la tentation est immense surtout lorsqu’ils sont en visite scolaire au musée du Louvre !

Profitant d’une alarme providentielle, les enfants sautent dans le célèbre tableau de Léonard de Vinci.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): INITIATION

Un frère et une soeur se découvrent le pouvoir de voyager à travers les oeuvres d'art. Et débutent, tant qu'à faire, par la Joconde.

Le procédé est amusant, le propos intéressant sans être trop pointu, et le dessin rond sans être trop enfantin. Un mix savamment mis au point, complété par un dossier pédagogique, et même un quiz. Une parfaite initiation au monde artistique. Pour les enfants... comme pour les adultes.

KENNES / «La Joconde», Carbone-Li, 40 p., 11.95 €.


2. In Memoriam (T.1)

In Memoriam (T.1)
In Memoriam (T.1) ©Dupuis

Les mots de l'éditeur

Paris est en ruines. De la capitale mondiale des Arts et de la Sorcellerie, il ne reste désormais plus rien. Il a suffi d'une nuit pour qu'une déflagration d'origine inconnue balaie non seulement les immeubles haussmanniens, les statues centenaires et les bâtiments historiques, mais également la connexion liant les sorciers à la magie.

C'était il y a quelques mois. Depuis, la vie reprend lentement son cours au milieu des décombres, des sortilèges défectueux et des avis de recherche placardés par centaines.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): TUERIE

La magie s’invite à Paris avec une infinité de possibilités qui ne plaît pas forcément à ceux qui n’en sont pas dotés. Jusqu’à cette catastrophe, de grande ampleur.

Salvia et Djet se retrouvent pour du grand spectacle, complètement retournant et fou. Une tuerie.

DUPUIS / "Manon", Djet-Salvia, 80 p., 16.50 €


3. Colossale (T.1)

Colossale
Colossale ©Jungle

Les mots de l'éditeur

Jade, fille d’une famille aristocratique, est obligée de suivre le plan de vie que lui imposent ses parents. Entre ses études dans un prestigieux lycée et sa participation à de luxueuses soirées mondaines, tout est fait pour qu’elle trouve le galant idéal et sauve sa famille de la ruine.

Seul problème, Jade n’a qu’une obsession : la musculation ! Une passion qu’elle tente de cacher pour éviter le jugement… Mais comme on dit » Chassez le naturel, il revient au galop ! « .

Notre avis en un mot (puis quelques autres): RAFRAÎCHISSANT

Ça va devenir de plus en plus courant : un webtoon se fait papier. Avec de courts chapitres, de l’espace entre cases et un rythme effréné.

Et force est de constater que l’histoire de cette princesse moderne qui devrait être gracile mais préfère la muscu est plutôt rafraîchissante.

JUNGLE / Rutile-Truc, 192 p., 16.95 €


4. Les murailles invisibles (T.1)

Les murailles invisibles (T.1)
Les murailles invisibles (T.1) ©Dargaud

Les mots de l'éditeur

De nos jours, des murs invisibles et infranchissables surgissent du néant et segmentent la Terre en une multitude de zones. Dans chacune le temps s'écoule à des vitesses différentes... Lino, un homme de notre époque, croise un groupe d'explorateurs venant de Nostoc, une civilisation avancée située plusieurs siècles dans notre futur.

Capables de franchir les murailles invisibles, ils sont à la recherche de la source de ces dernières.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): CRESCENDO

D’une fin de monde un peu discount (des murs invisibles sont apparus partout dans le monde, précipitant sa fin), les auteurs tirent une intrigue plus intéressante, un road trip qui tord le temps et les héros, pas tous cantonnés aux mêmes dimensions. Crescendo.

DARGAUD / Chauvel-Rio, 92 p., 17 €.


5. Brancusi contre États-Unis

Brancusi contre États-Unis
Brancusi contre États-Unis ©Dargaud

Les mots de l'éditeur

1927, un procès ubuesque se tient à New York. Avocats, témoins, experts et artistes débattent pour savoir si le travail de Constantin Brancusi doit être considéré comme de l'art.

En écho, à Paris, le sculpteur et ses contemporains doutent. Le travail de Brancusi est-il à la hauteur face au génie de l'artisanat et de l'industrie ? Le nouveau continent a-t-il les épaules pour jouer le rôle central dans l'art moderne que l'histoire lui impose désormais ?

Notre avis en un mot (puis quelques autres): ABSURDE

«It looks like a bird but it’s not a bird», a dit le poète L’Embrouille. Les faits ont tout d’un canular : un procès épique sur la nature de l’oiseau de Brancusi (art abstrait ou commercial?) aux lèvres duquel le monde de l’art était pendu.

Passionnante définition par l’absurde.

DARGAUD / Nebbache, 128 p., 23 €


6. Ange Leca

Ange Leca
Ange Leca ©Bamboo

Les mots de l'éditeur

Hiver 1910. La Seine submerge la capitale. Sous les eaux, Paris a des airs de Venise. Mais tout remonte à la surface : passions, rats, vieux démons… Et un corps de femme démembré, mutilé et impossible à identifier.

Ange Leca, jeune journaliste rebelle, dépendant à l’alcool et opiomane abstinent, décide de mener son enquête. Mais celle-ci va l’entraîner beaucoup plus loin qu’il ne l’imaginait et ébranler ses dernières certitudes. Et il n’est pas certain qu’Emma, sa nouvelle addiction, l’aide à garder la tête froide...

Notre avis en un mot (puis quelques autres): HUMIDE

Dans le Paris inondé de 1910, Ange Leca, jeune journaliste corse à la descente facile (pléonasme, diront les vilains) enquête sur le meurtre d’une femme retrouvée en morceaux (et encore, il en manque).

Un récit un poil court, dont le dessin fait penser à Gibrat, et l’ambiance, poisseuse, à la série Paris Police 1900 (celle de Fabien Nury).

GRAND ANGLE / Roppert-Graffin-Lepointe, 72 p., 15.90 €.


7. Les bras armés (T.1)

Les bras armés (T.1)
Les bras armés (T.1) ©Dupuis

Les mots de l'éditeur

Le jeune Fidel vit heureux sur son île, partagé entre ses jeux avec son amie Tima et la pêche en compagnie de son père. Et rien ne semble devoir assombrir ce bonheur ! Car les humains, autrefois asservis par les Anciens Dieux, sont maintenant protégés par les Bras Armés, qui possèdent dans un de leur bras une redoutable puissance volée à leurs anciens maîtres...

Mais voilà que la vieille Mako, Bras Armé de l'archipel, arrive en ville afin de désigner cinq adolescents, parmi lesquels elle doit trouver son successeur.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): CHOUETTE

Le «bras armé» d’un village de pêcheurs, soit son protecteur, doit recruter son successeur parmi les ados du coin. Débute une dure initiation pour cinq d’entre eux.

Une intrigue aux accents mangas, dont le dessin naïf plaira aux plus jeunes. Plutôt chouette, en fait.

DUPUIS / "Les désignés", Orlandi-Pog, 136 p., 15.50 €.


8. Ducobu (T.27)

Ducobu (T.27)
Ducobu (T.27) ©Le Lombard

Les mots de l'éditeur

C'est la rentrée des classes ! Tragédie s'il en est pour l'infortuné Ducobu mais qui dit rentrée dit nouveaux élèves ! Ainsi, la classe de Monsieur Latouche accueille « Jojo la perlouze », un cambrioleur qui s'est un peu égaré en creusant le tunnel qui devait le mener à la liberté. Comme quoi, ça sert d'étudier les points cardinaux… car Latouche a tout du maton pas commode.

Heureusement pour Jojo, le parrain des cancres de cette prison qu'est Saint-Potache va le prendre sous son aile !

Notre avis en un mot (puis quelques autres): LÉGER

"Fini de rire!", suggère le titre de ce nouvel album. On n’ira pas jusque-là, mais malgré l’apport de nouveaux personnages (dont un taulard à la Bobo qui préfère son bagne à Saint-Potache), les gags de Zidrou sont parfois un peu légers, tandis que l’intermède du milieu d’album laisse perplexe.

LE LOMBARD / "Fini de rire!" Godi-Zidrou, 56 p., 11.50 €.


9. La compagnie rouge

La compagnie rouge
La compagnie rouge ©Delcourt

Les mots de l'éditeur

Dans un lointain futur, les guerres ne font plus de mort, mais sont un sport, mené par des robots de combat contrôlés à distance par des mercenaires.

Fasciné comme tous les ados par ces mercenaires, le jeune Flint va choisir de quitter sa planète agricole pour les suivre dans leurs missions, dans l'espoir de devenir l'un d'eux, pour le meilleur et pour le pire.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): LOURD

Dans un futur où la guerre est un jeu en ligne, une compagnie (un vaisseau avec des mercenaires à bord) est prise dans un guet-apens lors d’une mission de protection au fin fond de la galaxie.

Un dessin très photo, un propos qui digresse : on ne sait qu’en penser. Mais ça envoie du lourd.

DELCOURT / "Premier sang", Treins-Ponzio, 64 p., 19.99 €.


10. Newburn (T.1)

Newburn (T.1)
Newburn (T.1) ©Urban Comics

Les mots de l'éditeur

Loyal seulement envers lui-même, Easton Newburn est un détective privé indépendant travaillant pour toutes les familles du crime de New-York, afin de prévenir et d'empêcher tout conflit interne.

Naviguant dans cette zone grise entre les forces de l'ordre et celles du chaos, Newburn traque aussi bien les meurtriers et les voleurs que les élus corrompus, sachant que le moindre faux-pas pourrait le placer en ligne de mire...

Notre avis en un mot (puis quelques autres): ENNUI

Un privé travaille pour les différentes mafias de New York. Efficace mais zone tampon à lui tout seul, Newburn passe ainsi d’une affaire sordide à l’autre.

À chaque chapitre sa résolution, finalement assez expédiée, alors que le fil rouge n’avance pas des masses. Ferme ennui.

URBAN COMICS / "Ils savent qui je suis", Zdarsky-Phillips-Wicky, 168 p., 10 €


11. Nevada (T.4/5)

Nevada (T.4)
Nevada (T.4) ©Delcourt

Les mots de l'éditeur

Si la vieillesse est un naufrage, la jeunesse n'est pas toujours dorée. Il y a quelques années de ça Nevada et Louise tentaient de survivre en se faisant pilleurs d'huîtres dans la baie de San Francisco.

Pris en chasse par des garde-côtes particulièrement hargneux, les deux voleurs se retrouvent rapidement à la baille avant d'être secouru par un vieux loup de mer, un certain Jack London...

Notre avis en un mot (puis quelques autres): COMPROMIS

Suite et presque fin de cette aventure à la lisière du cinéma, du western motorisé et du crime patibulaire. L’incendie couve tandis que les héros rencontrent Jack London, les agitateurs socialistes, et se retrouve un peu seuls face au monde entier.

Un bon compromis entre histoire et action.

DELCOURT / "Jack London", Duval-Pécau-Wilson, 56 p., 15.50 €


12. Genèse & Prozac

Genèse & Prozac
Genèse & Prozac ©Delcourt

Les mots de l'éditeur

Que se passe-t-il si Jésus fait un plongeon dans l'eau ? Pourquoi Dieu choisit-il d'apparaître sous la forme d'un vieux buisson ? Qu'est-ce qui a amené Dieu à créer les règles pour les femmes ? Et si Dieu était finalement aussi faillible que n'importe quel humain ? Et surtout pourquoi l'ornithorynque ? Genèse et Prozac revisite la mythologie biblique pour la démystifier et ainsi la démythifier.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): PLAT

Voilà un scénariste qui a décidé de passer la religion catholique à la moulinette. Et après tout, pourquoi pas? Sauf que rares sont les gags véritablement percutants, noyés au milieu de tous ceux qui tombent vulgairement à plat.

La collection Pataques, longtemps brillante, se délite décidément.

DELCOURT / Ami Inintéressant-Lascault, 64 p., 13.50 €.


13. Duke (T.7/7)

Duke (T.7)
Duke (T.7) ©Le Lombard

Les mots de l'éditeur

De retour en Californie, Duke touche au but : il va enfin pouvoir arracher Peg des griffes de King. Mais à peine a-t-il fait quelques pas en ville qu'il finit derrière les barreaux, où le retrouve Manolito.

Le colosse mystique et sanguinaire lui propose un étrange marché : il le sortira de là si Duke reconnaît qu'ils appartiennent à la même espèce de démons. Si Duke veut la fin, il lui faudra accepter les moyens ! Car, au fond, la meilleure arme du diable n'est-elle pas la Vérité… ?

Notre avis en deux mots (puis quelques autres): THE END

L'ami Duke continue de se trimballer avec un paquet de pognon, et rien ne semble devoir changer. Enfin, ne devait car ce volet serait, nous glisse-t-on dans l'oreillette, le dernier d'une saga qui n'a, de fait, que trop duré.

Certes, au dessin, le père Hermann est encore capables de quelques éclats de génie, mais côté scénario, c'est aussi aride qu'un désert californien en plein été. Et un peu poseur sur les bords.

LE LOMBARD / "Ce monde n'est pas le mien", Hermann-Yves H., 56 p., 15.45 €.


14. Shaolin (T.3/3)

Shaolin (T.3)
Shaolin (T.3) ©Soleil

Les mots de l'éditeur

Monastère des Trois Royaumes. Fuyant les hordes des Morfs et des Âtugâns réunis, Nuage Blanc est précipité vers une issue terrible... et vers la compagnie d'une alliée inattendue.

Formant avec elle une équipe de choc, ils vont tenter de combattre les forces inexorables du mal et de secourir un empire autrefois glorieux...

Notre avis en un mot (puis quelques autres): GROTESQUE

On avait bien aimé le premier tome de cette série fantastique aux accents chamaniques dans laquelle un ado doit sauver, presque malgré lui, son prestigieux monastère.

Mais elle s'est ensuite enfoncée dans le quelconque et même, avec cette conclusion, dans une sorte de mélange un brin grotesque, qui semble hésiter entre un registre éminemment sérieux (celui des débuts) et un ton goguenard.

On en sort donc plutôt déçu même si, côté dessin, c'est très joliment maîtrisé, par contre.

SOLEIL / "Colère aveugle", Di Giorgio/Looky, 52 p., 15.50 €.


15. Les Woodrow (T.1)

Les Woodrow
Les Woodrow ©Kennes

Les mots de l'éditeur

Décidément, la famille Woodrow, composée principalement de bonimenteurs et de voleurs, fait tout à l'envers : Ils essaient de rentrer en prison, s’évertuent à rater un pillage de banque, déterrent des cercueils, interviennent dans un duel et nourrissent même un ours...

Mais, une chose est sûre : ce n'est pas pour le bien commun !

Notre avis en un mot (puis quelques autres): DÉSORDONNÉ

Une famille de hors-la-loi s'attaquent, pêle-mêle et dans le désordre, à une banque, une prison, une autre banque. Un peu le tout venant, sans qu'on sache précisément pourquoi puisque les présentations ne sont pas vraiment faites, ce western très brouillon démarrant sans préambule, se poursuivant puis se concluant sans passion ni logique aucune.

Il faudra penser à demander un scénario pour le tome 2 (si tome 2 il y a, n'y voyez aucune obligation).

KENNES / "Réunion de famille", Courty-West, 56 p., 13.95 €.

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