Budget mobilité: un succès encore très limité, pourquoi ?
À peine 1,64 % de tous les travailleurs ayant droit à une voiture de société optent pour un budget mobilité. Pourquoi si peu ?
Publié le 01-03-2023 à 17h59 - Mis à jour le 02-03-2023 à 09h09
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Le budget mobilité n’est pas encore entré dans les mœurs des entreprises belges. À peine 1,64 % de tous les travailleurs ayant droit à une voiture de société optent actuellement pour ce système. C’est très peu. "Mais pour une nouvelle mesure juridique, ce n’est pas si faible que cela", tempère Catherine Langenaeken, experte en mobilité d’Acerta, qui livre ces chiffres sur base des données de 40 000 petites et grandes entreprises, occupant 260 000 travailleurs.
Avec un aussi faible pourcentage, pas de quoi vraiment influencer la mobilité dans le pays, et faire diminuer le nombre de voitures circulant sur nos routes, ce qui était le but visé par la mesure introduite en 2019, D’autant que le premier pilier du système permet de conserver un véhicule, à condition qu’il soit plus vertueux écologiquement. La mutation du parc de société vers les voitures électriques s’y intègre parfaitement.
"Pas si compliqué"
À l’heure actuelle, 23% des employés peuvent bénéficier d’une voiture de société. L’instauration du budget mobilité permet au travailleur éligible de bénéficier d’un avantage équivalent au coût d’usage total d’un véhicule (calculé sur sa TCO, cela représente entre 700 et 800 € par mois). Cela doit faire l’objet d’une convention collective, négociée avec les syndicats, ou d’une adaptation du règlement de travail. "Pour les employeurs, cela peut sembler compliqué mais ce l’est moins qu’on pense", souligne l’experte. "Et l’employeur peut choisir les options qu’il met à disposition des travailleurs."
Davantage prisé chez les jeunes
"On se heurte aux habitudes des ceux qui bénéficient déjà d’une voiture de société. On voit que le système a surtout gagné en importance l’an dernier pour les personnes qui démarrent un nouvel emploi", souligne Catherine Langenaeken.
Une starter sur 50 (2,2 %) opte pour le budget mobilité au détriment de la voiture de société. Il s’agit d’une hausse de 55 % par rapport à 2021. Le pourcentage de starters intégrant encore le système des voitures de société n’est lui qu’en légère hausse (+1 % par rapport à 2021).
Cela reste faible, "mais en quatre ans, face aux habitudes bien ancrées des employés qui bénéficient d’une voiture de société, cela ne me paraît pas exagérément bas", estime néanmoins l’experte.
"Il faut le temps que le mécanisme se mette en place dans les entreprises, que les gens en connaissent les contours et que le cadre juridique soit bien établi."
Lâcher du lest
Les conditions pour bénéficier de ce budget mobilité étaient en effet plus strictes au lancement. "Le législateur a lâché du lest et rendu la mesure plus accessible." La distance maximale qui sépare le domicile du bénéficiaire de son lieu de travail a ainsi été portée à 10 kilomètres au lieu de 5, "ce qui était très restrictif". Il a aussi été précisé qu’une personne qui fait du télétravail à au moins 60% peut également bénéficier de l’intervention, qui couvre son loyer mais aussi l’ensemble d’un emprunt hypothécaire. Plus uniquement les intérêts mais aussi le capital.
Cet assouplissement a permis que le recours au pilier 2 du budget mobilité, qui comprend des moyens de transport durables ou un logement écologique, a fortement augmenté (+49 %) l’an dernier, souligne encore Acerta. En revanche, le versement du budget en espèces (pilier 3) a chuté : 0,06 % des travailleurs ont fait verser le solde qui reste de leur budget mobilité en 2022, contre 0,10 % en 2021. Il faut dire que si ce cash n’est pas fiscalisé, il est amputé d’une cotisation représentant 38,09%. Pour le travailleur, une intervention dans son loyer ou son emprunt hypothécaire est dès lors plus intéressante, explique l’experte d’Acerta.