Les portes claquent mais la ministre Désir reste constructive
Caroline Désir, la ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend faire aboutir les négociations concernant l’évaluation des enseignants… malgré le climat extrêmement tendu.
Publié le 28-02-2023 à 19h31 - Mis à jour le 28-02-2023 à 19h32
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Interpellée mardi en Commission de l’Éducation sur l’avancement des négociations concernant la procédure d’évaluation des enseignants, la ministre de l’Enseignement Caroline Désir a dit vouloir garder "une posture constructive".
Le 9 février dernier, les syndicats libéral (CGSLB-Appel) et socialiste (SETCa-SEL) ont claqué la porte du Comité de concertation réunissant les acteurs de l’enseignement obligatoire autour des réformes liées au Pacte d’excellence. Un des points qui cristallise les tensions est le texte de l’avant-projet de décret relatif au soutien et au développement des compétences professionnelles des enseignants et à l’évaluation de ceux-ci.
Pour les organisations syndicales, il est inacceptable que le développement des compétences professionnelles (ce volet fait l’unanimité) soit lié au mécanisme d’évaluation pouvant mener au licenciement pur et simple.
La ministre Désir a rappelé qu’au terme de plusieurs réunions bilatérales avec les différents acteurs de l’enseignement, quinze améliorations ont été apportées au dispositif afin de répondre aux attentes des syndicats. "Des clarifications ont été apportées pour éviter toute ambiguïté par rapport au rôle du délégué à la direction. Le texte exclut toute forme d’évaluation par les pairs".
Le 13 février dernier, les organisations syndicales sont venues avec de nouvelles propositions visant à renforcer encore un peu plus la protection du personnel dans le cadre de cette procédure. "Je présenterai jeudi au gouvernement l’ensemble des remarques formulées ainsi que mes propositions de réponses", a précisé la ministre.
Reprise des négociations en mars
Elle a annoncé dans la foulée qu’un deuxième tour de discussions aura lieu durant la seconde quinzaine du mois de mars sur base des retours du gouvernement. "Je reste déterminée à mener les négociations à terme avec tous les acteurs, y compris ceux qui ont choisi de ne pas participer aux travaux du dernier Comité de concertation."
La CGSP-Enseignement et le SLFP-Enseignement n’ont pas claqué la porte des négociations, préférant d’abord consulter leurs affiliés. "Nous attendons la seconde version du texte de l’avant-projet de décret, explique Joseph Thonon, président de la CGSP-Enseignement. Est-ce qu’elle comportera suffisamment de garanties pour que nos affiliés l’acceptent ? On verra. Nous voulons laisser la possibilité aux négociations d’aboutir…"
Concernant l’évaluation des enseignants, Caroline Désir argue qu’une éventuelle exclusion ne pourrait se faire qu’après une longue procédure en cas de manquements répétés et de mauvaise volonté manifeste de la part de l’enseignant. Une position que ne partagent pas les organisations syndicales: "On craint qu’on utilise ce système d’évaluation pour ajouter une pression dans un système scolaire déjà en surpression, ce qui ne ferait qu’accroître la pénurie d’enseignants", rétorque Joseph Thonon qui rappelle qu’il existe déjà une procédure de renvoi.
Classes surpeuplées
L’autre question qui fâche les enseignants et les a amenés à descendre dans la rue à plusieurs reprises concerne la taille des classes. Elle ne sera pas réglée sous cette législature, a précisé la ministre Caroline Désir. "Si à terme, il y aura lieu dans la mise en place du tronc commun, surtout du post-tronc commun, d’envisager une refonte du mode de calcul qui permet de définir des normes de taille de classe, cela n’est pas prévu à ce stade par la déclaration de politique communautaire". Une note adoptée par le gouvernement en décembre dernier renvoie la balle au pouvoir régulateur (l’Administration) chargé d’initier des mécanismes de contrôle renforcé du respect des tailles des classes et de les faire fonctionner, a rappelé la ministre.