La rencontre entre Hadja Lahbib et son homologue iranien suscite l’indignation
L’entrevue, lundi, en marge de la cession du Conseil des droits humains de l’ONU qui se tient à Genève, a heurté de nombreuses militantes et activistes iraniennes.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/a827a079-ea7a-46e7-a5cf-776c916538a4.png)
Publié le 28-02-2023 à 16h40 - Mis à jour le 28-02-2023 à 16h41
:focal(545x387:555x377)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/WIZVC5PS6BBNXIV2VC7SDJ3TQM.jpg)
La rencontre, ce lundi à Genève, entre Hadja Lahbib et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian, en marge du 52e Conseil des droits humains de l’ONU, était hautement diplomatique. Celle-ci avait pour principal objectif d’avancer sur le cas d’Olivier Vandecasteele, alors que la Cour constitutionnelle belge doit statuer, d’ici au 8 mars, de la légalité du traité de transfèrement de prisonniers entre l’Iran et l’État belge. Un traité dont dépend le sort de l’humanitaire belge. Mais ce dialogue en terrain "neutre" est mal passé aux yeux de certains.
Double discours
"La Ministre des Affaires étrangères de Belgique, qui s’est coupé les cheveux en solidarité avec Mahsa Amini et nous les Iraniennes il y a quelques mois (NDLR : en octobre dernier, en pleine séance plénière à la Chambre), accueille désormais nos oppresseurs en Europe", fulminait lundi, sur Twitter, Masih Alinejad, journaliste et activiste iranienne très suivie sur le réseau. "Shame on you!" (honte à vous), ont embrayé à sa suite de nombreuses femmes iraniennes, qui visiblement se sont senties trahies par la ministre belge.
Ironie du sort, la fondatrice des mercredis blancs (White wednesdays), un mouvement de protestation contre le port obligatoire du voile en Iran, et qui a dû fuir son pays en 2009, avait reçu en 2015, le prix du sommet de Genève pour les droits de l’homme et la démocratie. "Nous n’avons pas besoin de gens qui coupent juste leurs cheveux, nous avons besoin que les démocraties occidentales coupent les liens avec cette république islamique; nous avons besoin que ces gouvernements rappellent leurs ambassadeurs", a plaidé Masih Alinejad, rappelant que "les femmes iraniennes sont toujours empoisonnées, emprisonnées, violées, aveuglées et tuées pour avoir marché tête nue, comme vous", a-t-elle ajouté à l’adresse de la ministre.
Empoisonnements
Le contexte est en effet particulièrement dramatique pour de nombreuses jeunes femmes iraniennes, révoltées par la mort de Mahsa Amini, tuée par la police des moeurs à Téhéran il y a quelques mois pour avoir mal porté le voile. Aux arrestations, détentions arbitraires, exécutions et viols en prison se sont ajoutées de "mystérieuses" tentatives d’empoisonnement dans des écoles pour filles. D’abord dans la ville de Qom fin novembre, selon diverses sources collectées par l’opposition iranienne en exil, puis à Chaharmahal-Bakhtiari, Téhéran ou encore Ispahan la semaine dernière.
Après avoir longtemps fait la sourde oreille, le régime a fini par reconnaître l’existence de cette "tendance alarmante". Selon Hamid Enayat, journaliste iranien collaborant activement avec l’opposition en exil (CNRI), organisation qui par ailleurs s’oppose fermement au traité de transfèrement de prisonniers entre la Belgique et l’Iran, le régime tente surtout de "semer la terreur parmi les femmes, afin de les empêcher de participer aux soulèvements et manifestations sociales."