Une "crise ukrainienne" : entre les lignes du plan de paix de la Chine pour l’Ukraine
Le régime a rendu public un plan en douze points. La Russie n’est pas complètement ménagée.
Publié le 24-02-2023 à 12h15 - Mis à jour le 24-02-2023 à 12h16
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À première vue, le plan de paix en douze points rendu public ce vendredi par la diplomatie chinoise, un an après le début de la guerre en Ukraine, à de quoi refroidir les ardeurs russes. Conformément aux principes de la charte des Nations Unies et du droit international, le premier point consacre en effet "la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays" impliqués, "qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres"...
Conflit "uniforme"
Vu le nombre de violations du droit international dont s’est rendue coupable la Russie (sans parler des crimes de guerre), on pourrait penser que le plan chinois vise implicitement le pays agresseur. Il n’en est rien. "Il faut promouvoir une application égale et uniforme du droit international et rejeter le deux poids deux mesures", explique la Chine (toujours dans ce premier point), avant de s’attaquer (point 2), à la "mentalité guerre froide" qui à ses yeux prévaut actuellement. "Il ne faut pas rechercher la sécurité d’un pays au détriment de celle des autres, ni garantir la sécurité d’une région par le renforcement voire l’expansion des blocs militaires", détaille la Chine, donnant une définition de la sécurité régionale qui peut s’appliquer tant aux Russes qu’à l’OTAN.
Inquiétude nucléaire
Logiquement, la Chine appelle à la cessation des hostilités, constatant que "les conflits et guerres ne font de bien à personne" (sic). "Les parties doivent toutes garder la raison et la retenue, s’abstenir de mettre de l’huile sur le feu et d’aggraver les tensions, et prévenir une nouvelle détérioration ou même un dérapage de la crise ukrainienne", poursuit le grand pays, qui ne parle donc pas de "guerre", mais de "crise"… ukrainienne.
Entre les lignes de ce plan de paix en forme de note d’intention, la Chine s’inquiète en fait pour la stabilité mondiale, du point de vue économique mais aussi sécuritaire. Une stabilité menacée par la guerre en elle-même mais aussi par ses conséquences potentielles, tel un accident ou une attaque nucléaire (points 7 et 8). "La Chine s’oppose aux attaques armées contre les centrales nucléaires et les autres installations nucléaires pacifiques", peut-on lire, le pays s’inquiétant également des risques stratégiques. "Les armes nucléaires ne doivent pas être utilisées et la guerre nucléaire ne doit pas être menée", prévient le pays, qui pour le coup, averti implicitement la Russie en affirmant son opposition "à la menace ou l’emploi d’armes nucléaires."
L’après-guerre
Les Européens et les Américains sont clairement perçus par la Chine comme une entrave à la paix. "Les sanctions unilatérales et la pression maximale n’aident pas à régler les problèmes et ne font que créer de nouveaux problèmes" (re-sic), estime la Chine, qui enjoint "les pays concernés" à "cesser de recourir de manière abusive aux sanctions unilatérales et aux juridictions extraterritoriales contre les autres pays".
La reconstruction post-conflit de l’Ukraine est déjà dans l’esprit de la Chine, qui propose dès à présent d’ "accorder son assistance" en la matière. Pas sûr que cette assistance soit du goût des Ukrainiens : le porte-parole du ministère des Affaires Étrangères estimait vendredi que le pays est un "outil entre les mains de la propagande russe", après que la Chine a publiquement affirmé que les armes fournies par l’Occident à l’Ukraine finissent entre les mains de bandes criminelles. Dans le même temps, les renseignements Américains soupçonnent la Chine de vouloir livrer des armes (possiblement, des drones) à la Russie. Si c’était avéré, quel crédit accorder à ce plan de paix, dont on jurerait qu’il a été rédigé sous la contrainte ?