Don de sang après 65 ans: le conseil supérieur de la santé le déconseille
Face à aux pénuries aiguës de sang, le don de sang au-delà de 65 ans n’est pas la solution. Le conseil supérieur de la santé explique pourquoi.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/F7JKKGTCGRABNHH73KTMRHTOIM.jpg)
Publié le 22-02-2023 à 12h00 - Mis à jour le 22-02-2023 à 17h38
:focal(544.5x370.5:554.5x360.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KQJBQO73BNADBBCRASWX2HFDPY.jpg)
Actuellement, la réglementation belge stipule que les personnes entre 60 et 65 ans révolus qui n’ont jamais donné de sang sont autorisées à donner, moyennant une évaluation positive réalisée par le médecin du point de collecte.
Le don de sang régulier déconseillé après 65 ans
Le conseil supérieur de la santé (CSS) émet en 2023 un avis plus restrictif. «Notre dernier avis datait de 2013. Nous avons fait le tour de la littérature médicale, et des nouvelles données montrent l’augmentation le risque pour les donneurs», explique la Pr. Véronique Deneys, des cliniques universitaires Saint-Luc.
Il y a trois facteur de risque pour faire un malaise lors d’un don de sang: «Être un nouveau donneur, avoir un âge avancé et être une femme.» Le malaise chez le nouveau donneur peut aller d’un évanouissement à des convulsions... Et même quand il est anodin, un malaise chez un donneur plus âgé peut décourager les autres donneurs. Les donneurs plus âgés ont plus d’hématomes, et globalement, ils récupèrent moins vite.
Risque pour le receveur
Le receveur peut lui aussi impacté par l’âge du donneur.
La Pr Deneys s’appuie sur plus de 50 ans de données venues du Danemark et de Suède, où la traçabilité complète donne de grandes données épidémiologiques. «La thèse d’un collègue scandinave montre que si on reçoit le sang d’un donneur qui développe une hémorragie cérébrale, à cause d’une angiopathie amyloïde cérébrale sporadique (AAC), on augmente le risque de développer une AAC par 2,8.»
Des étude est en cours sur le risque de transmission interhumaine par transfusion sanguine de certaines maladies neurodégénératives, ainsi que le risque de transmettre certains cancers. Il est encore trop tôt pour se prononcer à l'heure actuelle, mais le CSS appelle (de façon non contraignante au principe de précaution), car le risque de cancer et de maladie neurodégénérative augmente rapidement entre 65 et 70 ans, et dans les stades précoces, les symptômes sont absents.
Un troisième élément en défaveur du don de sang après 65 ans est l’altération de la qualité fonctionnelle des globules rouges, plaquettes et/ou globules blancs.
Aux seniors qui se sont indignés auprès de RTL info ou de VRT News, de se voir refuser un don de sang, le CSS répond: "Donner du sang n’est pas un droit. La sécurité de la chaîne transfusionnelle doit en tout état de cause rester la priorité absolue. " Le conseil appelle à un déploiement plus large des campagnes de recrutement encourageant la population dans son ensemble et dans sa diversité à donner du sang.
Pour lutter contre la pénurie, la Pr Deneys prône des campagnes d’information auprès des étudiants, et un système de fidélisation de ces donneurs jeunes, qui peuvent donner 4 fois par an, mais ne le font souvent qu’une à deux fois. Elle conclut "Il fau aussi rationnaliser la prescription de transfusion par un meilleur "patient blood management".