Poutine réitère sa volonté de combattre l’ouest et prépare une guerre longue
Le président russe a annoncé que son pays suspendait ses engagements de réduction de son arsenal nucléaire.
Publié le 21-02-2023 à 18h08 - Mis à jour le 21-02-2023 à 19h29
Difficile d’entrevoir du changement dans l’attitude de Vladimir Poutine après l’interminable discours tenu ce mardi à Moscou, au lendemain de la visite de son homologue américain Joe Biden à Kiev.
"L’Occident utilise l’Ukraine à la fois comme bélier contre la Russie et comme terrain d’entraînement", a expliqué Poutine, s’adressant sans doute plus à de potentiels (futurs) alliés, s’il s’en trouve, qu’au parterre d’officiels et de notables du régime convoqués pour l’occasion, de Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense, au patriarche Kirill, en passant par Dmitri Medvedev, ancien président et actuel numéro 2 du Conseil de sécurité.
Relance nucléaire
"Nous ne sommes pas en guerre avec le peuple ukrainien", a osé le maître du Kremlin, tâchant de convaincre l’auditoire que "les élites occidentales" "entendent transformer un conflit local en une phase de confrontation globale." Une confrontation globale dont la Russie serait à la fois le bouc émissaire et la victime expiatoire. Suivant ce raisonnement, Poutine a donc annoncé la suspension de la participation russe à l’accord START, un traité de désarmement nucléaire signé avec les États-Unis. Sans acter une sortie formelle du traité, il est clair que l’heure est à l’escalade, encore et toujours.
En creux, pourtant, quelques fêlures transparaissent dans un type de discours devenu redondant au bout d’un an de guerre. En premier lieu, cette soudaine attention portée aux combattants actuellement sur leu front, ainsi qu’à leurs familles. "Je propose de créer un fonds d’État spécial. Sa tâche sera une assistance ciblée et personnelle aux familles des soldats tombés au combat et aux vétérans de l’opération militaire spéciale", a détaillé Poutine, admettant au passage que "le service dans la zone d’une opération militaire spéciale (...) est associé à un stress physique et psychologique colossal, à des risques quotidiens pour la santé et la vie."
Si le mot "guerre" n’est toujours pas prononcé, Vladimir Poutine a clairement acté que le conflit allait s’inscrire dans la durée. Aussi semble-t-il vouloir ménager ses troupes, promettant "un congé régulier d’une durée d’au moins 14 jours et d’au moins une fois tous les six mois" ; le signe, peut-être, que du mécontentement remonte le long de la chaîne de commandement...
Patriotisme économique
Sur le plan économique, puisqu’il n’est plus question de commercer avec l’ouest, c’est donc vers l’Asie que se tourne la Russie en vue de nouer des partenariats économiques. Pour le reste, les Russes sont invités à miser sur leur pays et à ne pas "mendier" auprès des pays occidentaux. "Nous avons besoin de reconstruire nos vies et notre travail, d’autant plus que vous êtes des gens forts - je parle des représentants de nos entreprises, j’en connais beaucoup personnellement et depuis de nombreuses années", a glissé Poutine avant de conclure : "Lancez de nouveaux projets, gagnez de l’argent, investissez en Russie, investissez dans les entreprises et les emplois, aidez les écoles et les universités, la science et la santé, la culture et le sport." Vaste programme.