On pourra bientôt soigner un cancer de la peau par flash thérapie
La flash thérapie, c’est une dose très intensive de rayons pendant quelques millisecondes. Une évolution potentielle pour la radiothérapie, à l’étude à Bordet.
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Publié le 20-02-2023 à 04h00
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La flash thérapie consiste à délivrer une dose intense de radiothérapie en quelques millisecondes, en une fois au lieu de plusieurs minutes pendant plusieurs jours voire semaines. " Habituellement, la radiothérapie se fait sous forme de plus petites doses, par jour étalées sur plusieurs semaines, pour permettre aux tissus sains de récupérer entre les séances de rayons ", explique le Pr Van Geste l directeur médical pour l’oncologie du Cancéropole Jules Bordet de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB).
Comment fonctionne la radiothérapie ?
Le Pr Van Gestel compare les cellules tumorales, celles du cancer, à des bâtiments en préfabriqué, et les tissus sains à des maisons bien solides. "Si on cause des dommages à un préfabriqué, il risque plus vite de tomber. Entre deux sessions de radiothérapie, les tissus sains – comme des maisons – sont réparés comme il faut, tandis que les préfabriqués s’effondrent."
"La radiothérapie va endommager l’ADN des cellules jusqu’à ce qu’elles ne sachent plus se reproduire, explique le spécialiste. Une toute petite partie des cellules va être détruite tout de suite, c’est ce qu’on appelle la nécrose. Cela ne représente que 15% dans le cas de la radiothérapie classique."
Évolution des traitements
La tendance en radiothérapie ces dernières années était d’hypofractionner: donner la même dose en moins de séances. "Au lieu de 5 à 7 semaines, on donne la dose en moins d’une semaine. Comme la dose par session est plus importante, il y a plus de cellules qui se nécrosent tout de suite. C’est possible parce qu’on cible mieux les tumeurs, grâce aux nouvelles techniques de radiothérapie à intensité modulée (IMRT) et guidée par l’image (IGRT), aux scanners et IRM. Le problème, c’est d’endommager des tissus sains. Prenez l’exemple d’une tumeur au cerveau: on ne peut pas se permettre d’y causer des dégâts."
La flash thérapie, c’est l’étape suivante. Au lieu de 7 semaines, au lieu d’une semaine, tout se joue en moins d’une seconde, mais à forte dose. "Ce n’est plus une tempête, mais un ouragan. Mais la maison solide peut résister."
Expérimentation sur des œufs de poisson
À l’institut Bordet, la flash thérapie est actuellement testée par le Pr. S. Penninckx sur des œufs de poissons " pour prouver que la méthode est efficace et induit des effets secondaires limités" dit le Pr Van Gestel. Mais à Lausanne, le Pr Bourhis l’utilise déjà à titre expérimental sur les hommes, pour des tumeurs cutanées. Au HUB, le Dr Desmet développe actuellement des protocoles d’études pour ces nouvelles radiothérapies qui pourraient commencer en été ou à la fin de 2023, après l’accord de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN). Les doses utilisées au HUB seront calquées sur les modèles appliqués à Lausanne. Il s’agira d’essais en double aveugle sur des cancers cutanés: basocellulaire, spinocellulaire et mélanome.
Actuellement, la radiothérapie à base d’électrons est aussi utilisée pour irradier lors d’opérations chirurgicales, au moyen d’une machine "intraop", un robot, qui permet d’irradier la zone d’intérêt quand le patient est sur la table d’opération (cancer du sein ou du pancréas, par exemple). Les applications pour les flash thérapies pourraient donc s’élargir à l’avenir.