Poutine, la guerre d’usure et le soutien populaire
Malgré la guerre d’usure qui se profile, le président russe bénéficie toujours d’une popularité record auprès de la population.
Publié le 19-02-2023 à 09h32 - Mis à jour le 19-02-2023 à 09h33
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Le pays est-il sur la bonne route ? À cette question posée fin janvier par le centre d’étude d’opinion Levada (classé en tant qu’agent étranger en Russie), les sondés ont majoritairement répondu par l’affirmative, à 66%, le reste (24 %) estimantque la Russie fait fausse route (comme en décembre dernier, indique l’institut).
Après une année de guerre et de soubresauts économiques (lire ci-contre), le soutien populaire à Vladimir Poutine ne se dément pas en Russie en ce début d’année, avec 82 % d’opinion favorable. Il en est de même pour son gouvernement, dont l’action est approuvée par 67 % des personnes interrogées au dernier pointage effectué par le centre Levada.
Leader Maximo
En apparence, Poutine surnage au sein du pouvoir russe : question confiance, il est la première personnalité politique citée spontanément (son nom n’était pas suggéré) par les sondés, loin devant son Premier ministre Mikhail Mishustin, le ministre des Affaires Étrangères Sergueï Lavrov et enfin, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
Malgré la mobilisation massive de 300 000 hommes à l’automne, et alors qu’une partie d’entre eux a déjà été envoyée au front, Vladimir Poutine semble, en théorie, avoir l’aval de sa population pour poursuivre la guerre d’usure dans laquelle est lancée la Russie.
"Cette guerre, telle qu’elle est conduite par la Russie, joue sur l’effet de masse numéraire, des humains, des munitions et équipements", observe Nicolas Gosset, analyste au centre de recherche Sécurité et Défense (IRSD). "Ils jouent l’usure, clairement, en se disant que leurs capacités humaines sont largement supérieures aux capacités ukrainiennes, tout comme leurs stocks de munitions. Et que, même en allant pêcher dans les vieux restes soviétiques, ils sont encore len mesure de les faire tenir plusieurs années."
Opposition dissoute
Combien de temps le régime, avec Poutine à sa tête, peut-il tenir ? D’après le dernier pointage du centre Levada, l’opposition russe, qu’elle soit en exil ou enfermée, ne suscite qu’un soutien populaire dérisoire. "9% des sondés déclarent approuver Alexeï Navalny,", observait le Levada mi-février. "Les jeunes, les internautes et les citoyens de l’opposition ont une meilleure attitude envers le politicien. Les répondants savent bien (sic!) que Navalny a été envoyé en prison il y a deux ans", ajoute le Levada.
Toutefois, la société russe commence à montrer des signes de polarisation. La confection de lois comme "un moyen de protection contre l’influence négative de l’Occident" est une posture approuvée principalement "par les partisans du gouvernement, les représentants des générations plus âgées qui reçoivent les informations principalement à la télévision", note le Levada, qui ajoute que "le point de vue inverse est plus fréquent chez les jeunes, citoyens et opposants qui reçoivent des nouvelles via les réseaux sociaux." Lesquels, entre les Moscovites et les usagers de la messagerie cryptée Telegram (qui échappe à la censure gouvernementale), forment le public le mieux informé… et le plus polarisé.