Frais d’université: vers une hausse du minerval?
Les recteurs flamands veulent augmenter les frais d’inscription des étudiants les plus nantis. Quid côté francophone?
Publié le 18-02-2023 à 07h00 - Mis à jour le 18-02-2023 à 07h20
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O35XQCA6G5AY3DHZKTUPPQRECY.jpg)
Face à des frais de fonctionnement élevés et des subventions jugées insuffisantes, les recteurs des universités flamandes de Gand, Louvain et Anvers tirent la sonnette d’alarme. Pour s’en sortir, une solution: augmenter les frais d’inscription des étudiants. Cette piste, évoquée dans plusieurs médias flamands cette semaine, ne s’appliquerait cependant pas aux jeunes en difficulté. Les recteurs souhaitent en effet uniquement accroître la contribution des étudiants les plus nantis. Or, dès la rentrée prochaine, une année d’études coûtera déjà 1.092 euros au nord du pays. Malgré cette indexation, les trois recteurs estiment qu’il faut aller un cran plus loin.
Rik Van de Walle, de l’Université de Gand, estime opportun "d’ajouter 400 euros à ce montant", écrivaient nos confrères du Standaard, ce mardi. Son homologue anversois, Herman Van Goethem, souhaiterait même porter les frais d’inscription à 2000 euros, "au moins pour les 60% d’étudiants issus des familles aux revenus les plus élevés."
Les recteurs n’avancent pas cette proposition de gaieté de cœur, mais il en va, selon leurs dires, du maintien de la qualité de l’enseignement supérieur. Les infrastructures universitaires seraient particulièrement touchées par ce sous-financement.
La piste de l’indexation
En Fédération Wallonie-Bruxelles, les frais d’inscriptions, fixés par décret à 835 euros, n’ont plus bougé depuis de nombreuses années (lire ci-dessous). Les recteurs francophones partagent-ils le constat de leurs homologues flamands ? "Il est tout à fait vrai, comme les recteurs flamands l’évoquent, que les universités font face à d’énormes défis pour rénover leur parc immobilier et diminuer leur facture énergétique. Le risque de ne pouvoir faire face à ces investissements pourtant indispensables est important", relève Annick Castiaux, rectrice de l’UNamur.
S’il salue le soutien des pouvoirs publics "dans un contexte financier tendu", Vincent Blondel, recteur de l’UCLouvain, dresse un constat similaire. Mais ce qui l’inquiète avant tout, c’est la diminution du financement par étudiant. "Le financement n’a pas diminué en termes absolus, mais il y a, ces dernières années, une croissance très importante du nombre d’étudiants non résidents, en particulier des Européens non belges." Cette croissance conduit, logiquement, à un financement moindre par étudiant. Comme en Flandre, c’est dès lors la qualité de l’enseignement universitaire francophone qui est en jeu. "Ces quinze dernières années, nous avons eu une diminution du financement par étudiant de 20 à 30%. Cela signifie très concrètement que des activités en groupes de six étudiants sont désormais portées à huit, par exemple. Le degré d’encadrement diminue."
Faudrait-il, comme le suggèrent les recteurs flamands, revoir le montant des frais d’inscription des plus nantis? Disons-le d’emblée : cette proposition n’est clairement pas à l’ordre du jour côté francophone. "La solution de faire supporter, en partie, ces coûts par l’augmentation substantielle des frais d’inscription ne correspond pas à la volonté de favoriser l’accès du plus grand nombre aux études supérieures", souligne Annick Castiaux.
Augmenter sensiblement le minerval ? C’est donc non pour les francophones. Les deux recteurs interrogés ne sont cependant pas opposés à une indexation des frais d’inscription, selon certaines conditions. "Une indexation des frais d’inscription, qui n’a plus été à l’ordre du jour depuis longtemps, pourrait avoir du sens. Mais elle doit nécessairement se réfléchir en garantissant qu’elle n’aura pas d’impact sur l’accès à l’université d’une catégorie d’étudiants qui ne sont pas éligibles pour les bourses et autres aides sociales, mais dont les ressources sont néanmoins insuffisantes pour faire face à une augmentation du coût des études", précise la rectrice namuroise.
Avec les même précautions d’usage, Vincent Blondel serait également favorable à une indexation du minerval, qui suivrait alors l’évolution du coût de la vie. "L’idée serait simplement que l’apport financier par le minerval reste identique. Une année d’étude coûte 10.000€ à la société. L’étudiant intervient donc pour moins de 10%. Au fil des années, nous assistons donc à une décroissance progressive de l’apport du minerval..."
Pour instaurer cette indexation en douceur, le recteur néo-louvaniste imagine même une décroissance des droits d’inscription, mais assortis d’une indexation. "On pourrait imaginer qu’on annonce l’indexation du minerval, tout en démarrant, dans un premier temps, non pas à 835 mais à 800 euros. Cela permettrait de faire accepter plus naturellement le principe d’indexation." Cela dit, aucun projet en ce sens n’est réellement sur la table. "Ce sont des discussions qui pourraient se tenir sous la prochaine législature. Mais encore une fois, l’idée ne serait pas d’ajouter une charge supplémentaire sur les étudiants et leur famille, mais simplement de suivre l’évolution du coût de la vie."