Ces vêtements qui peuvent rendre malade
Un rapport présenté au parlement européen met en évidence le danger sanitaire lié aux produits chimiques utilisés dans l’industrie textile.
Publié le 07-02-2023 à 06h00
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Des microparticules de plastiques provenant des vêtements portés par leurs mères retrouvées dans des fœtus. L’exemple est frappant mais n’en est qu’un parmi les nombreux recensés par la chercheuse Audrey Millet qui a croisé des dizaines d’études sur la présence de substances toxiques dans nos vêtements. Ce travail a été réalisé à la demande de Saskia Bricmont et présenté la semaine dernière lors d’une soirée citoyenne au parlement européen. L’eurodéputée belge (Écolo) en appelle à une meilleure application et un contrôle plus efficient de la législation REACH envers l’industrie du vêtement. Ce texte réglemente l’usage des produits chimiques et interdit les plus nocifs, aussi bien par les entreprises européennes que pour celles basées en dehors du marché de l’Union mais qui veulent y accéder. Mais appliquer correctement la législation REACH est complexe, note la chercheuse Audrey Millet. Car les volumes de textiles échangés dans le monde ne cessent d’augmenter, que les étapes de fabrication d’un vêtement sont multiples (jusqu’à 40) et que la cascade de sous-traitances brouille les pistes.
S’y ajoute la multiplicité des produits chimiques utilisés dans le secteur du textile: plus de 8 000 substances chimiques de synthèses interviennent dans les processus de fabrication des vêtements.
À entendre les constats de la chercheuse, l’enjeu sanitaire est pourtant de taille: dans les régions où sont installées des usines de fabrication de vêtements, les cancers de la peau, du foie ou de la thyroïde sont nettement plus élevés. "Au Pendjab (NDLR: région d’Inde où l’industrie du textile est très présente), une étude a montré un fort taux de baryum, de cadmium, de plomb, de mercure, de nickel et d’aluminium dans l’urine des enfants autistes." La région enregistre d’ailleurs une nette augmentation d’enfants autistes, de cas de cancers et une chute de la fertilité, dit-elle.
Saskia Bricmont estime qu’il, faut dès lors s’attaquer à ce problème "à la racine". C’est-à-dire dans les pays où sont fabriqués ces vêtements afin de protéger les travailleurs mais, in fine, également les consommateurs européens. Ceci pourrait passer par "la mise en place d’une clause miroir", qui imposerait aux fabricants les normes européennes comme conditions d’import.
Pour Audrey Millet, il serait également important d’imposer un étiquetage fiable, régulé et compréhensible pour les consommateurs, au même titre de ce qui se fait pour les produits alimentaires.