Les bonnes façons de faire peur au loup
Les Pays-Bas avaient autorisé l’effarouchement des loups avec des fusils de paintball… Pas de ça en Wallonie, dit la ministre Tellier.
Publié le 02-02-2023 à 06h00 - Mis à jour le 02-02-2023 à 09h34
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Effaroucher les loups qui s’approchent trop des humains en leur tirant dessus avec des armes de paintball est la méthode qui a été retenue par les autorités pour éloigner des humains des loups du parc national Hoge Veluwe, aux Pays-Bas. Des animaux qui avaient un comportement non naturel, en particulier l’un d’eux, sans doute nourris par des humains, et qui recherchait dès lors leur compagnie…
Le député wallon Mauro Lenzini (PS) s’est étonné de cette méthode, "qui me semble relever de la psychiatrie" (sic), et il s’en est inquiété quand il a appris que la Flandre envisageait de faire de même en pareille circonstance.
Et en Wallonie, va-t-on aussi utiliser le paintball contre les loups ?, a-t-il demandé à la ministre de l’Environnement Céline Tellier (Écolo). "Je trouve déjà la technique scandaleuse, mais ma crainte était surtout que cela conduise à des dérives, avec des privés qui se lancent dans des chasses au paintball contre le loup ou d’autres animaux", précise Mauro Lenzini. Qui a cependant été rassuré puisque Céline Tellier lui a répondu qu’il n’en est pas question chez nous. Et que, par ailleurs, "un jugement rendu récemment aux Pays-Bas a finalement interdit l’usage de fusils de paintball contre le loup".
Abattre plutôt qu’effaroucher
Mais si des loups présents en Wallonie devenaient trop familiers ? Le Plan Loup prévoit "une démarche progressive impliquant l’utilisation de techniques d’effarouchement", dit la ministre. Mais pas le paintball donc.
Ce qui serait "une erreur", dit d’ailleurs Alain Licoppe, coordinateur du Réseau Loup pour la Wallonie et chargé de ce plan d’accompagnement de l’installation du loup. Pour le spécialiste de la gestion de la grande faune, cette méthode n’aurait pour effet, au mieux, que d’éloigner le loup vers d’autres zones. En France, en Belgique ou en Allemagne, où il aurait le même comportement familier avec les humains, avec le risque d’accident que cela suppose. Et les conséquences négatives dans la perception du public quant au retour du loup.
La solution ? "Avoir le courage d’abattre l’animal" est sans doute la moins mauvaise solution, dit Alain Licoppe. Comme cela a déjà été fait en Allemagne avec un loup devenu trop familier après avoir été régulièrement nourri par des militaires. Mais c’est évidemment une solution de dernier recours, dit le spécialiste. Il faut d’abord démontrer et documenter un comportement qui serait problématique. Ce qui pourrait se faire en plaçant un collier GPS au loup afin de contrôler s’il se rapproche en effet trop et trop souvent des humains. "Et sans doute le placement de ce collier serait-il déjà une expérience suffisamment traumatisante pour l’éloigner des humains." Un cas de figure qui ne s’est encore jamais produit chez nous où les moyens d’effarouchement classiques que sont les clôtures électrifiées parviennent encore, dans la majorité des situations, à tenir à distance des activités d’élevage les quelques loups installés chez nous. Même si le nombre d’attaques à des animaux d’élevage attribuées aux loups, avec certitudes ou probablement, est passé de 17 à 26 entre 2021 et 2022, les études de suivi montrent que le régime alimentaire des loups wallons est constitué de proies sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers) dans 97% des cas.
"Il faut d’ailleurs rappeler que depuis le retour du loup en Europe occidentale, jamais il n’y a eu un accident avec un humain."
Deux meutes installées en Wallonie
Les loups sont installés en deux endroits du territoire wallon. En Hautes Fagnes (7 à 8 loups) et entre Bullange, Butchenbag et l’Eifel allemande (un couple). D’autres loups ont été aperçus dans les provinces de Liège, Namur et Luxembourg. Aucun ne s’y est installé. En théorie, le territoire wallon pourrait accueillir 15 à 20 meutes. Mais le morcellement du territoire avec le réseau routier ne permettra cela que très progressivement.
Si cela se fait… Car on en sait finalement peu sur les raisons d’une installation. «La province de Luxembourg est propice à une installation et on pensait que cela arriverait rapidement, dit Alain Licoppe. Et ce n’est pourtant pas le cas.»