Inflation : une alimentation toujours plus chère en 2023 ?
Après l’énergie, c’est désormais l’alimentation qui est le moteur de l’inflation en Belgique. Faut-il s’attendre à de nouvelles hausses de prix dans les supermarchés ?
Publié le 02-02-2023 à 14h49 - Mis à jour le 02-02-2023 à 14h50
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Le coût de la vie reste toujours très élevé en Belgique. Selon les derniers chiffres de Statbel publiés ce lundi, l’inflation s’est établie à 8,05% au mois de janvier, contre 10,35 % en décembre 2022. La hausse des prix demeure donc assez soutenue. Mais contrairement aux constats posés il y a quelques mois, ce n’est plus l’énergie qui est le moteur de l’inflation, mais bien l’alimentation. L’inflation des produits alimentaires (y compris les boissons alcoolisées) s’élève en effet à 15,59 % en janvier, contre 14,53% le mois précédent. À titre de comparaison, en janvier 2022, cette hausse était limitée à 2,26%.
Des hausses peu répercutées
Faut-il dès lors s’attendre à de nouvelles hausses de prix dans les rayons des supermarchés en 2023 ? Selon la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia), le secteur est sous pression depuis deux ans en raison de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine. Les matières premières, l’emballage, les transports, l’énergie sont devenus très onéreux. À ces nombreux défis se sont ajoutés l’indexation des salaires et le passage d’un contrat d’énergie fixe à variable pour un quart des entreprises du secteur en ce début d’année. "À un moment donné, toutes ces hausses de coûts sont insoutenables pour nos entreprises !" souligne Nicholas Courant, responsable communication à la Fevia. Jusqu’à présent, les entreprises alimentaires belges ont, en réalité, assez peu répercuté leurs coûts vis-à-vis de leurs clients, et spécifiquement des supermarchés, affirme le secteur. Cette hausse de prix relativement mesurée en 2022 est notamment due aux contrats annuels qui lient l’industrie alimentaire aux supermarchés. Fixés d’avance, traditionnellement en automne, les tarifs ne peuvent donc pas fluctuer de manière intempestive en cours d’année.
"Nous avons eu des négociations très dures en 2022… nous avons voulu renégocier ces contrats à plusieurs reprises, mais on se heurtait souvent à une réponse négative des supermarchés, malgré une légère ouverture pendant l’été. Seule une petite partie de la flambée des coûts de nos entreprises a été répercutée, avec des marges qui sont devenues historiquement basses."
« La baisse des tarifs est presque impossible »
La récente négociation des contrats pour 2023, il y a quelques mois, explique les hausses tarifaires actuelles. "Pour la suite, à court terme, on ne prévoit pas vraiment de diminution des prix. Une baisse sensible des tarifs parait presque impossible !" avance Nicholas Courant. Les prévisions de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture vont d’ailleurs dans ce sens, et indiquent que les prix des matières premières et de l’énergie resteront encore à un niveau élevé. "Le point positif, c’est que l’on constate que les prix de l’énergie et des matières premières diminuent, mais on restera tout de même sur un plateau assez élevé. Et puis, il faut un certain temps avant que la baisse des coûts se répercute concrètement sur la note du consommateur final."
Des prix « artificiellement bas »
Les chaînes de supermarchés tiennent un discours sensiblement identique concernant la hausse des prix. "De notre point de vue, nous nous attendons encore à des augmentations de prix", annonce clairement Nathalie Roisin, porte-parole de Colruyt. L’effet de décalage observé dans le commerce de détail s’explique par le fait que de nombreux prix sont encore maintenus "artificiellement bas" par les distributeurs, de peur de perdre des clients, estime la chaîne de supermarchés.
"Inutile de dire que cette situation est malsaine et ne pourra pas durer longtemps. La Banque nationale prévoit que l’inflation des denrées alimentaires se poursuivra longtemps et restera élevée pendant un certain temps. Il est normal qu’une partie de cette somme continue à être répercutée sur les consommateurs."
Une seule vague d’inflation ?
Suite à la négociation des contrats annuels, les supermarchés doivent également accepter les nouvelles augmentations du prix d’achat des produits qu’elles mettent en rayon. "Cela s’applique à tous les distributeurs et entraînera inévitablement de nouvelles hausses de prix", dit Colruyt. "Les fournisseurs [...] sont confrontés à des coûts croissants qui sont mis sur la table lors de nouvelles négociations, ajoute Jason Sevestre, responsable communication chez Aldi. Dans certains cas, cela conduit à une augmentation de nos prix d’achat lors de la conclusion des contrats [...] Mais nous n’augmenterons les prix pour nos clients que si c’est nécessaire."
Si la chaîne n’envisage pas de diminution des tarifs, Delhaize s’attend, de son côté, à une seule vague d’augmentation des prix pour 2023. "Nous venons de connaître une indexation des salaires très importante. Et Delhaize compte 32 000 collaborateurs, ce qui n’est pas rien, avance Karima Ghozzi, porte-parole de l’enseigne au lion. Contrairement à l’an dernier, nous nous attendons à une seule vague d’augmentation des prix… qui vient d’avoir lieu. Cela dit, c’est une hypothèse. Nous n’avons évidemment aucune garantie à ce sujet."