Une hausse exceptionnelle de la population en 2022
En 2022, la population s’est accrue de 104 000 habitants en Belgique. Des chiffres impressionnants, principalement liés à l’arrivée de réfugiés ukrainiens, avancent les projections du Bureau fédéral du plan, publiées ce mardi.
Publié le 31-01-2023 à 18h00 - Mis à jour le 01-02-2023 à 11h17
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La croissance démographique en Belgique a rarement été aussi fulgurante. Selon les projections du Bureau fédéral du plan, publiées ce mardi, la population du pays s’est accrue de 104 000 habitants en 2022. Un bond immense, par rapport aux chiffres habituels : depuis 1992, la population a augmenté, en moyenne, de 52 000 habitants par an.
La raison de cette croissance inédite ? La guerre en Ukraine qui a contraint de nombreuses personnes à fuir le pays. "Un peu plus de 63 000 réfugiés en provenance d’Ukraine ont reçu une attestation de protection temporaire en Belgique", avance Marie Vandresse, démographe au Bureau du plan. Cette croissance spectaculaire devrait cependant se limiter à l’année 2022. En 2023, le nombre d’arrivées de ressortissants ukrainiens sur le sol belge devrait être moins important, de l’ordre de 6500 individus, soit dix fois moins que l’an dernier.
Toutes ces personnes ne devraient cependant pas s’installer durablement en Belgique. Le Bureau du plan rappelle que la législation liée à la protection temporaire prévoit une autorisation de séjour d’un an, renouvelable jusqu’en 2024. "Le scénario que nous avons retenu pour le moment suppose que la moitié des réfugiés décidera de rentrer en Ukraine à cette date, tandis que l’autre moitié restera en Belgique pour s’y installer de manière plus pérenne, en faisant revenir les conjoints et les fils, puisque les femmes sont majoritaires pour le moment."
Selon l’experte, l’effet de cette immigration restera toutefois plutôt marginal: "C’est marginal au regard de l’évolution de la population, qui est déterminée par de multiples facteurs. Chaque année, on compte environ 150 000 immigrations, pour 100 000 émigrations. Il y a également l’évolution générale qui dépend des naissances et des décès. Pour l’instant, l’impact de l’arrivée des réfugiés ukrainiens est important, mais on parle d’une année bien précise, qui n’aura pas de grande incidence à long terme."
Effet baby-boom
À plus long terme, les flux migratoires devraient se stabiliser, tandis que la croissance de la population devrait ralentir en Belgique. Avec l’allongement de l’espérance de vie (81, 7 ans en 2021 contre 89,1 ans en 2070), on serait pourtant tenté de penser le contraire. En réalité, la génération du baby-boom (NDLR : référence à la hausse de la fécondité sur la période 1945-1964) atteint progressivement des âges où la probabilité de mourir est plus élevée avec, comme conséquence, une hausse du nombre de décès jusqu’en 2055.
Cet effet négatif sur la croissance démographique, durant la période 2040-2060, ne sera cependant pas compensé par des naissances. À long terme, le nombre moyen d’enfants par femme sera, selon les projections, de 1,72 contre 1,86 à la fin des années 2000 et même 2,41 au moment du baby-boom. "L’une des grandes explications à cette baisse de la croissance démographique est une tendance de fon d que l’on observe depuis des décennies, en lien avec la hausse du niveau d’instruction des femmes qui passent plus de temps aux études et intègrent ensuite le marché du travail", explique Marie Vandresse. Cette tendance est corrélée à la diminution du nombre moyen d’enfants par femme. "Il y a aussi la problématique de conciliation entre vie privée et vie familiale, notamment. Sans oublier, dans les années 60, l’arrivée de la contraception."
Naissances postposées
À ces tendances de fond, la démographe ajoute un autre phénomène qui freine également la croissance démographique depuis quelques années déjà : "Nous connaissons, depuis quelques années, une succession de crises : sanitaire, économique, et aujourd’hui géopolitique. Or, en période de crise, il y a un impact temporaire sur la fécondité : les couples ont tendance à postposer leur désir d’enfant en raison du contexte incertain."
Cette tendance - au départ temporaire - semble s’installer au fil des années. A priori, la croissance démographique inédite de 2022 restera donc bien l’exception. "La succession de crises a accéléré la baisse de la fécondité. On suppose toutefois, en projection, que le nombre moyen d’enfants par femme va remonter au sortir de ces épisodes, mais cela restera toutefois une hausse très légère… L’effet de récupération ne sera que partiel."
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